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LA LIBERATION DE PARIS
Jeudi
17 août 1944.
Radio Paris, la radio
contrôlée par les Allemands, vit ses dernières heures. Son studio du
116-118 avenue des Champs Elysées se désertifie. La plupart des
vedettes de la station ont disparu dans la nature après avoir touché
leur cachet. Certaines ont pris la route vers l'Allemagne, d'autres
tentent de se créer une virginité ou s'inventent des pseudos histoires
de résistance pour échapper aux accusations de collaboration qui ne
manqueront pas de les frapper dès la Libération. En ce matin du 17
août, les archives de la station sont brûlées pour ne pas laisser de
traces compromettantes. Une dernière annonce est faite à 9h en français
au micro par un speaker allemand anonyme qui annonce la prochaine
victoire finale de l'Allemagne grâce à une arme secrète. Ce sera le
dernier mensonge de Radio Paris. La station cesse ses émissions à 14h45
comme sa filiale " L'Information Permanente " dont les studios sont eux
situés au 114 avenue des Champs Elysées.
Vendredi 18 août 1944.
Au petit matin, les
Allemands organisent le départ en camion des derniers personnels
allemands et français de Radio Paris, direction l'Allemagne, via Metz.
Sur les Champs Elysées il ne reste plus que quelques plantons et
quelques personnels administratifs en place, dans l'attente des
événements.
Au 37 rue de l'Université, le personnel résistant du Studio d'Essai
prend possession des installations pour lancer la Radiodiffusion de la
Nation Française (RNF). Le Studio d'Essai était chargé depuis 1943 par
la Radiodiffusion Nationale de Vichy de procéder à des études en
matière de programmes mais aussi de technique. Il est équipé de tout le
matériel et de toutes les professionnels nécessaires pour faire
fonctionner une station de radio. Son équipe s'est fixé dès le début
d'assurer clandestinement la relève de la radio française lors de la
Libération de Paris. Depuis plus d'un an, sous la direction de Jean
Guignebert et de Pierre Schaeffer, toute l'organisation est mise au
point : équipes de direction, de reporters, de journalistes, de
speakers, de techniciens. Si le studio est aménagé rue de l'Université,
le Centre de Modulation (CDM) se trouve rue Amand-Moisant. Les
résistants des PTT avaient préparé au CDM les lignes destinées à
l'acheminement de la modulation vers les diverses antennes dispersées
dans Paris.
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17
août 1944 :
La radio nazie Radio Paris
cesse ses émissions.
19 août 1944 :
Paris se soulève contre
l'occupant.
20 août 1944 :
Première émission de la
Radiodiffusion de la Nation Française.
22 août 1944 :
Première émission de Paris National.
Les radios libérées appellent à l'insurrection des Parisiens.
24 août 1944 :
Paris est libérée par les chars du Maréchal Leclerc.
31 août 1944 :
Remise en marche précaire de l'émetteur de Villebon.
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Pendant l'insurrection, dans la cour de la
Radiodiffusion Française, rue de l'Université, les gendarmes écoutent
le rapport. Dehors, le canon gronde...
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Samedi 19 août 1944 :
Le peuple de Paris se soulève contre l'occupant. Un groupe de FFI, le
"Groupe Dauvergne" est missionné pour occuper les studios de Radio
Paris.
Dimanche 20 août 1944 :
Le
"Groupe Dauvergne", sous la direction de Jacques Magne, prend
possession des studios de Radio Paris, avenue des Champs Elysées, sans
rencontrer de résistance de la part des quelques Allemands encore en
poste. Les premiers journaux de la Libération sont distribués dans les
rues de Paris.
Quant au Studio d'Essai, rue de l'Université, l'équipe de Pierre
Schaeffer s'active pour lancer la première émission, mais hésite encore
de peur que les Allemands ne repèrent les émetteurs.
A 20 h les techniciens font le premiers essais et s'assurent que les
liaisons avec les émetteurs fonctionnent. A 22h31, la Radiodiffusion de
la Nation Française diffuse la Marseillaise sur les ondes. Le speaker
Pierre Crénesse ne fait qu'une seule annonce : "Ici... Radiodiffusion
de la Nation Française" et laisse la place à un programme de disques
diffusé jusqu'au lendemain soir et seulement entrecoupé de l'indicatif
de la station.
Les fréquences utilisées sont 206 m, 224 m, 235 m ainsi que 41 m OC.
Plusieurs émetteurs sont mis en service simultanément Ils avaient été
cachés durant l'occupation dans divers lieu de Paris : Porte de Saint
Cloud (206 m), Cité Martignac (224 m), Gare de l'Est (235 m) et à
Neuilly (Emetteur OC).
La fréquence de 206 m était celle utilisée par l'Information Permanente
et le 244 m était la fréquence de Radio Montpellier.
>> Pour tout
savoir sur la naissance de la Radiodiffusion de la Nation Française, CLIQUER
ICI.
Lundi 21 Août 1944.
La Radiodiffusion de la Nation Française reprend ses émissions à 6h et
passe uniquement des disques pour la plupart interdits lors de
l'occupation. Le seul texte lu est celui de l'indicatif : " Ici,
Radiodiffusion de la Nation Française " et le communiqué suivant : "
Nous vous prions de noter et de faire connaître autour de vous que nous
émettons sur les longueurs d'ondes suivantes : OC 41,61 m, OM 206 m et
224 m. Dès que les circonstances le permettront, nous diffuserons des
informations. "
En revanche, aux Champs Elysées, l'antenne est encore muette.
Mardi 22 août 1944.
A 22h30 la Radiodiffusion de la Nation Française lance son premier
bulletin parlé et appelle les parisiens à l'insurrection. L'appel est
renouvelé tous les quarts d'heure durant toute la nuit. Mais dès
20h45, Paris National, la radio lancée parallèlement depuis les anciens
studios de Radio Paris par les FFI du Groupe d'Auvergne avait fait de
même. Cette station émettra également toute la nuit.
>> Pour tout savoir sur la naissance de Paris National, CLIQUER
ICI.
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ICI RADIODIFFUSION DE LA
NATION FRANCAISE
Le Comité d'action militaire
du Conseil National de la Résistance et l'Etat-Major national des
Forces Françaises de l'Intérieur adressent à la population parisienne
l'appel que voici : les troupes alliées sont à proximité de Paris.
L'ennemi, traqué, bat en retraite avec les débris d'unités
démoralisées. Les Forces Française de l'Intérieur se sont
magnifiquement battues, suivant l'exemple de la France entière. L'heure
est venue de chasser définitivement l'ennemi de la capitale ; la
population toute entière doit se soulever, dresser des barricades, en
passant hardiment à l'action : en finir avec l'envahisseur !
L'heure de la Libération
définitive sonne.
Français, debout ! Tous au combat !
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Mercredi 23 août 1944 :
Pierre Crénesse réalise le premier radioreportage de la Radiodiffusion
Française depuis un petit café, près de la Place de la République. Il
s'agit de l'interview de Georges Bidault, Président du Conseil National
de la Résistance. De son coté, Paris National continue à émettre
également.
Jeudi 24 août 1944 :
A 10h : mise en service d'un
nouvel émetteur LMT caché avenue de Breteuil et qui permet de capter la
Radio de la Nation Française sur une bonne partie de la France. Jean
Guignebert met fin à la diffusion de Paris National. Il ne peut pas y
avoir deux voix de la France Libre qui émettent en même temps
Le deuxième reportage de Pierre Crénesse se déroule à la Préfecture de
Paris. Il interview le Commissaire Délégué Général du Gouvernement
Provisoire ainsi que le Préfet de Police de Paris, Charles LUIZET.
Ce jeudi 24 août, Jean GUIGNEBERT, Secrétaire Général Provisoire à
l'Information, prend la parole pour la première fois au micro de la
RNF. Il n'avait pas parlé dans un micro depuis 1939.
Jean GUIGNEBERT, lors de sa première intervention au micro de la RNF.
Le jeudi soir, les premiers
chars du Général Leclerc arrivent à l'Hôtel-de-Ville de Paris à 21h22
et Pierre Crénesse qui s'y trouve encore par hasard commente leur
arrivée depuis le standard téléphonique de la mairie. L'événement fait
l'objet d'une nuit exceptionnelle à l'antenne de la RNF. Pierre
Schaeffer y improvise une émission ponctuée d'informations, de conseils
de sécurité, d'ordres... Bertrand d'Astorg y diffuse des communiqués en
anglais. Pour une fois que l'électricité est rétablie, Pierre Schaeffer
annonce à l'antenne : "Que messieurs les curés fassent sonner à toute
volée les cloches de leur église...". A 23 heures, c'est un véritable
concert de cloches qui suivra cette annonce, toutes les églises de la
capitale relayant l'événement.
Vendredi
25 août 1944 :
La journée est historique. Les chars de la 2e DB investissent Paris.
12h30 le drapeau tricolore flotte sur la Tour Eiffel. 15h30 : Le Général
Leclerc et le Colonel Rol-Tanguy, chef des FFI obtiennent la réddition
du Général Von Choltitz, gouverneur militaire de Paris. 16h30 : De
Gaulle arrive gare Montparnasse. 19h00 : Pierre Crénesse est toujours à
l'Hôtel-de-Ville. Il retransmet le premier discours du Général De
Gaulle dans Paris... "Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé,
mais Paris libéré... Libéré par lui-même."
Interview
par Pierre Crénesse de l'équipage du premier char de la Division
Leclerc arrivé place de l'Hôtel-de-Ville. >>
Samedi 26 août 1944 :
Le Général De Gaulle traverse triomphalement le centre de la Capitale.
Il part de l'Arc-de-Triomphe, descend les Champs Elysées à pied, se
rend à l'Hôtel-de-Ville et à Notre Dame. La RADIODIFFUSION DE LA NATION
FRANCAISE met en place une organisation exceptionnelle pour couvrir en
direct la rencontre du général De Gaulle avec les Parisiens. Pierre
CRENESSE est positionné à l'Arc de Triomphe, Loys VAN LEE au Rond Point
des Champs Elysées, Michel DROIT à l'Hôtel de Ville et Raymond
MARCILLAC à Notre Dame où un "Te Deum" est donné en présence de De
Gaulle.
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L'équipe de la RNF devant
l'Hôtel-de-Ville
lors de l'arrivée du Général de Gaulle.
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Le même événement suivi
par un reporter de la radio américaine.
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Dimanche 27 août 1944 :
La RNF diffuse une proclamation du Général Koenig, gouverneur militaire
de Paris.
Mercredi 30 août 1944 :
Le Général De Gaulle prononce son premier discours officiel au micro de
la Radiodiffusion de la Nation Française.
L'insurrection est terminée. Paris est libre.
1er octobre 1944 à 0h15 :
Le réseau de la Radiodiffusion de la Nation Française est rétabli. Les
postes libérés de province passent sous sa tutelle et leurs émetteurs
relaient son programme.
ETAT DES EMETTEURS PARISIENS EN 44
ARGENTEUIL
Avant-guerre, cet metteur
appartenait la station privée "Radio Cité". Le pylône et les bâtiments
sont totalement détruits à la dynamite par les Allemands. Il ne reste
absolument rien de ce centre émetteur.
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Le pylône de l'émetteur
d'Argenteuil dynamité par les Allemands.
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LIMOURS
L'ancien émetteur du Poste
Parisien aux Molières près de Limours est entièrement détruit
RUEIL MALMAISON
L'émetteur de l'ex Radio 37
VILLEBON
Ancien émetteur de "Paris
PTT" avant-guerre. Les 2 pylônes ont été abattus par les Allemands le
18 août 1944, mais les bâtiments préservés. Le matériel a été en partie
détérioré.
Jeudi 31 août 1944 au soir :
Remise en service de l'émetteur de Villebon.
Deux mats provisoires en bois supportent l'antenne et les techniciens
français ont remplacé les appareils endommagés par des appareils de
récupération. L'émetteur peut à nouveau fonctionner le 31 août 44 au
soir, soit 8 jours après son sabotage par les Allemands. Il diffuse le
programme de la Radiodiffusion Française.
ROMAINVILLE
Avant-guerre, l'émetteur de
Romainville appartenait au poste privé "Le Poste de l'Ile-de-France".
Les installations avaient été utilisées pendant l'occupation pour
assurer le brouillage des émissions ennemies. Les Allemands ont tout
emporté, émetteur, installations techniques et antenne. Ne subsistent
que les bâtiments.
PARIS
TOUR EIFFEL
La Tour a échappé à la
destruction et l'émetteur et vite remis en fonctionnement.
Le programme unique de la
Radiodiffusion Française est également diffusé sur Ondes Courtes grâce
au petit émetteur provisoire de 15 Kw installé à Asnières. Il complète
les émetteurs OC d'Allouis (Cher) qui seront progressivement remis en
état de marche.
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Les émetteurs franciliens
au 31 /12/1944
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Seine
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Paris Centre OM 12 Kw
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Radiodiffusion de la Nation
Française
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Paris Centre OM 500 w
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Radiodiffusion de la Nation
Française
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Asnières OC 15 Kw
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31 m
et
19 m
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Radiodiffusion de la Nation
Française
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Seine-et-Oise
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Paris Villebon OM 20 Kw
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431,7 m
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Radiodiffusion de la Nation
Française
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