Dès
l'apparition des premières stations de radio en Europe, la France a vu
se côtoyer un secteur public et un secteur privé. Dès les années 20, le
secteur privé a installé des émetteurs puissants avec une couverture
nationale à Paris et des émetteurs locaux mais aussi parfois nationaux
en Province.
La Belgique.
Franck Ténot, dans son livre "Radios privées - Radio Pirates" (Ed
Denoël 1977) fait remonter l'histoire des premières radios périphériques
aux débuts des années 20 en Belgique.
Il a recensé 18 radios qui émettaient depuis la Belgique mais qui
étaient captées dans de bonnes conditions des Ardennes au Nord de la
France. Mais ces radios privées étaient pour la plupart des initiatives
d'entrepreneurs belges et touchaient majoritairement la population de
ce pays et ses annonceurs. Quelque unes ont néanmoins été contrôlées
par des capitaux français et en particulier par le groupe Trémoulet
(Radio Toulouse) via sa régie Radio Information : Radio Conférence
Bruxelles, Radio Ardennes, Radio Liège Expérimental, Radio Châtelineau,
Radio Anvers et Radio Flandres. Mais là aussi, on ne peut pas utiliser
l'expression "radio périphérique" car l'essentiel de l'auditoire était
situé dans les villes de Bruxelles, Liège, Anvers, Gand ou Charleroi.
Seule Radio Ardennes avait un auditoire équilibré bien que peu
nombreux, composé pour moitié de français et pour moitié de Belges. Une
autre station qui sera contrôlée par des capitaux français pourrait
aussi être considérée comme une radio périphérique, car l'essentiel de
son auditoire était français et habitait l'agglomération lilloise et le
département du Nord. Il s'agit de Radio Binche.
Le Luxembourg.
Comme en Belgique, le Luxembourg a vu naître une station d'expression
française dès 1923. Cette station, du nom de Radio Luxembourg avait été
créée par un luxembourgeois et son rayon d'émission ne dépassait guère
les frontières du Grand-Duché. Là aussi, on ne pouvait donc pas encore
parler de radio périphérique. Ce n'est qu'en 1933 que le principal
groupe radiophonique privé français, propriétaire de Radio Paris, a
décidé de transformer cette petite station luxembourgeoise en un
puissant poste européen dont les antennes étaient orientées vers la
France et touchaient presque la totalité de notre territoire. Il est
admis que Radio Luxembourg (futur RTL) a été en 1933 le premier poste
périphérique français, car lancé avec des capitaux français et vivant
de la publicité des annonceurs français.
L'Andorre.
Autre petit pays frontalier où la législation pouvait permettre la
création d'une radio privée, la Principauté d'Andorre a vu naître la
deuxième grande radio périphérique française en 1939 : Radio Andorre.
Cette station était contrôlée par le groupe Trémoulet (Radio Toulouse)
et ce sont les annonceurs français qui assuraient son financement.
L'Andorre verra naître d'ailleurs une seconde radio périphérique en
1958, Andorradio, devenue Radio des Vallées puis Sud Radio.
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L'Angleterre.
L'Angleterre n'a jamais abrité de radio périphérique française mais la
France a abrité des radios périphériques anglaises. Pour être plus
exact, certaines radios privées françaises ont loué du temps d'antenne
a des régies anglaises avant-guerre pour couvrir la Grande-Bretagne
encadrée par le puissant monopole de la BBC. Radio Normandie, Radio
Lyon, Radio Méditerranée, Le Poste Parisien et Radio Luxembourg ont
toutes eu des émissions en anglais à destination de ce pays avec une
prospection des annonceurs anglais. Paradoxalement, durant la deuxième
guerre mondiale, ce sont les français qui étaient à leur tour à
l'écoute de la radio anglaise, la BBC. L'émission "les français parlent
aux français" avait, comme son nom l'indique, toutes les
caractéristiques d'une radio périphérique, sauf qu'elle avait une
mission bien plus stratégique que celle de récolter de la publicité.
Elle a permis aux français d'entendre un autre son de cloche que celui
des radios françaises contrôlées par les nazis.
Monaco.
C'est durant la seconde guerre mondiale qu'est née la troisième radio
périphérique française dont le projet remontait déjà aux années 30.
Radio Monte-Carlo a été créée à l'initiative des Français, des
Allemands et des Italiens à destination des auditeurs du Sud de la
France en 1943.
La Sarre.
C'est en Sarre que naît en 1955 la quatrième grande périphérique
française Europe N°1. Là aussi, les capitaux sont français et les
recettes publicitaires sont centralisées par la régie intégrée Régie
N°1 basée à Paris.
L'Espagne.
L'Espagne a toujours laissé se développer sur son territoire des
stations privées. La barrière naturelle que constituent les Pyrénées
ont empêché les stations privées espagnoles de toucher le territoire
français, exception faite des zones côtières. C'est sur la côte
atlantique que naît en 1956 une nouvelle forme de radio périphérique :
A l'initiative du groupe Trémoulet, Radio Andorre va louer du temps
d'antenne sur une radio espagnole pour toucher les auditeurs français
du pays basque et du littoral atlantique. Radio Atlantic (1958 - 1960)
puis Radio Océan et Atlantic 2000 (1968-1975) ont été qualifiées par
les historiens de "demi-périphériques" ou "mini-périphériques". D'une
part, leur zone de couverture était assez localisée, d'autre part la
durée des programmes était limitée car en partage avec la radio
espagnole. A la fin des années 70, alors que le phénomène des radios
pirates se développe en France, l'Espagne hébergera une autre radio
périphérique appelée Radio Adour Navarre.
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L'Italie.
Avant la France, l'Italie a instauré un monopole d'Etat avec la RAI
depuis 1923. Impossible donc d'y installer une radio périphérique
française. Néanmoins, en 1976, ce monopole de la RAI explose quelques
années avant celui de Radio France dans notre pays. L'éclosion des
radios libres italiennes verra naître plusieurs radios libres
françaises dirigées vers Nice et la Côte d'Azur mais dont l'émetteur se
trouve à la frontière italienne : Radio Continentale, Radio Azur 102,
Radios K, Radio Mont-Blanc...