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Comme sur d'autres stations
françaises, le programme du matin de Radio Strasbourg débute désormais
chaque jour par le quart d'heure de gymnastique avec M. Delépine.
La musique légère occupe une
place de plus en plus importante à Radio Strasbourg. Les concerts du
dimanche après-midi de la "Maison Rouge" à Strasbourg, du "Caveau de
l'Aubette" ou ceux du "Café de l'Odéon" ont la faveur des auditeurs. Le
bal musette et l'accordéon disposent de quelques plages horaires encore
restreintes sur la station.
Les émissions théâtrales, littéraires ou de détente sont toujours
assurées par Gustave Stoskopf en Alsacien ou Daniel Michenot en
Français. Ce dernier assure aussi le célèbre "Quart
d'heure de Diction", émission destinée à
promouvoir la langue française dans une région encore majoritairement
germanophone. Cette émission est complétée par "le
Cours de perfectionnement de langue française" de
Henri Guillot.
Quant à la musique classique, elle continue à dominer le temps
d'antenne de la station. Si le chef officiel de Radio Strasbourg est
maintenant Ernest Bour, ses anciens chefs, à la tête d'autres
orchestres de la capitale alsacienne, continuent à diriger des concerts
de la station : Charles Munch, René Monfeuillard ou Maurice de Villers.
- Nachrichten
in deutscher Sprache in Paris.
Si l'allemand en usage sur Radio Strasbourg est bien compréhensible des
Alsaciens, ils découvrirent en ce mois de mars 1936 de nouvelles
émissions en Allemand "classique", en "Hoch Deutsch", comme ils disent.
Ces émissions n'étaient donc pas présentées par des alsaciens mais par
de vrais Allemands "de l'intérieur". Georges Mandel avait décidé de
répondre aux émissions de propagande nazies en français diffusées par
les postes allemands (en particulier Radio Stuttgart) par des émissions
de propagande en allemand diffusées par Radio Strasbourg. Ce sont des
réfugiés allemands, opposants politiques ou juifs qui sont au micro.
Ces émissions ne sont pas réalisées à Strasbourg, mais à Paris, rue de
Grenelle dans une annexe discrète de Paris PTT. Sous l'autorité des
Français Pierre Bertaux et Pascal Copeau, ces émissions sont dans un
premier temps la traduction du Radio-Journal de France, puis elles se
feront de plus en plus virulentes et agressives contre la politique
nazie. Les Alsaciens, y compris l'équipe de Radio Strasbourg, auront un
sentiment qui oscillera entre la réticence et la colère à propos de ces
émissions diffusées par leur antenne mais sans leur accord. Dans cette
région frontalière, on a appris à faire preuve de modération et de
mesure envers le patriotisme exacerbé des nazis comme envers celui des
"va-t-en-guerre" français de l'intérieur. On ne veut pas choquer le
voisin qui est d'ailleurs la première victime du nazisme. Le journal
papier de Radio Strasbourg prendra ses distances envers ses émissions
venues de Paris et les speakers du poste ne manqueront jamais de bien
préciser à l'antenne que ces émissions sont envoyées depuis Paris. Ce
pacifisme louable que partageront beaucoup de français va vite
connaître ses limites. En tous cas, les Allemands se déchaîneront
contre Radio Strasbourg, qui deviendra la station à abattre. Ces
émissions seront diffusées jusqu'en juin 1940.
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