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LES
GRANDES LIGNES
Les secteurs privés et
d'Etat cohabitent.
Dès les premiers
balbutiements de la radio au début du siècle, intérêts d'Etat et
intérêts privés se côtoient tant en France que dans le monde. Après le
premier conflit mondial, durant lequel la raison d'Etat et les
objectifs militaires ont prévalu, la radio peut commencer son
émancipation et les premiers programmes de distraction font leur
apparition Outre-Atlantique et en Europe. Le secteur privé commence à
se développer. Chaque pays adopte une législation différente : aux
Etats-Unis, c'est le règne du privé à travers des centaines de
stations, en Angleterre, c'est le monopole de la BBC qui ne laisse
aucune place au secteur privé. En France, comme toujours, une
législation ambiguë laisse se côtoyer un secteur privé toléré à coté de
la radio d'Etat.
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Poste de la Tour Eiffel :
Le
6 février 1922 est retenu comme la date officielle de l'inauguration
des émissions quotidiennes du Poste de la Tour Eiffel, et comme la date
de naissance de la première station de radiodiffusion française. Le Poste de la Tour Eiffel avait commencé ses
émissions à caractère militaire dès le début du siècle. Au lendemain de
la première guerre mondiale, bien que sa tutelle ait été transférée au
ministère des PTT, c'est toujours l'armée française qui en avait la
maîtrise et les militaires qui le faisaient fonctionner. Peu à peu,
sous l'impulsion du Général Ferrié, on y avait incorporé de la
météo, des cours de la bourse et de temps à autre un concert de musique
classique dans ses diffusions. Avec la naissance des premières stations
de radiodiffusion à travers le monde, ce poste émetteur était le seul
en France à pouvoir proposer quotidiennement des émissions de détente à
destination d'un large public. Le tournant s'était produit la nuit de
Noël 1921 durant laquelle Le Poste de la Tour Eiffel a commencé à
proposer une grille de programme structurée de manière régulière. Le
Poste de la Tour Eiffel est audible sur une grande partie du territoire
français et même au-delà de nos frontières.
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Radiola :
Quelques
mois après l'inauguration du Poste de la Tour Eiffel, le secteur privé
lance aussi sa première station de radio : "Radiola" en novembre 1922.
Cette station appartient au grand groupe privé CSF-SFR, propriétaire
entre autres de la marque de récepteurs Radiola et qui avait déjà
obtenu l'exploitation du Poste de Saint-Assise par l'intermédiaire de
sa filiale Radio France. Mais ce poste n'a pas une vocation "grand
public". La CSF-SFR crée donc une filiale, la Compagnie Française de
Radiodiffusion (CFR) et sous la direction d'Emile Girardot lance la
station Radiola. La CFR transformera en 1924 Radiola en Radio
Paris qui sera le fer de lance de
la radio privée en France avant d'être nationalisée en 1933. Radio
Paris deviendra ainsi l'ancêtre très lointaine de France-Inter. Quant à
la CFR, avec les capitaux de la vente de Radio Paris à l'Etat, elle
créera en 1933 hors des frontières, la puissante radio privée Radio
Luxembourg qui sera, elle, l'ancêtre de RTL.
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Les autres radios d'Etat :
Après
Radio Tour Eiffel, dont l'armée a le contrôle, l'Etat français crée
aussi par l'intermédiaire du ministère des PTT la station "Paris
PTT" (1923) avant de constituer un réseau régional
dont les studios et émetteurs se trouvent généralement à la direction
régionale des PTT. Naîtront ainsi : Toulouse
Pyrénées (1925), Marseille-Provence
(1925), Radio PTT Nord
(1927), Rennes PTT
(1927), Limoges PTT (1927),
Alpes-Grenoble
(1927), Montpellier-Languedoc
(1929), puis Strasbourg PTT
(1930). Les stations militaires de Lyon
La Doua (1925) et Bordeaux
Lafayette (1926), après leur passage
sous la tutelle du ministère des PTT, deviendront aussi des stations de
radio grand public avec des programmes de distraction.
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Les autres radios privées :
A
cette époque, la radio n'est écoutée que par quelques bricoleurs
passionnés par ce nouvel outil. Elle est loin de toucher le grand
public, aussi, les premières stations de radiodiffusion sont
généralement dues à l'initiative des constructeurs de récepteurs. En
effet, pour vendre des récepteurs, il faut des auditeurs et pour avoir
des auditeurs, il faut avoir des programmes.
S'inspirant de l'exemple de Radiola, Lucien Lévy, un des pionniers de
la radio lance Radio LL
(1926), station émettant depuis Paris. Fernand Vitus, ingénieur
propriétaire des récepteurs Vitus lance, lui, Radio
Vitus (1926).
La presse quotidienne, sentant le danger d'une
concurrence, se lance aussi dans la création de stations de radio. Le
quotidien "le Petit Parisien" sera le premier à rentrer dans la course
en créant "Le Poste Parisien"
(1924).
En province, le secteur privé se développe également avec des stations
liées à divers intérêts :
Les constructeurs ou revendeurs de matériel électrique ou de TSF :
- Radio Caen
(1923)
- Radio Lyon
(1924)
- Radio Toulouse
(1925)
Les institutions locales et les instances agricoles et viticoles :
- Radio Agen
(1923)
- Radio Montpellier
(1925)
- Radio Béziers
(1925)
- Radio Nîmes
(1927)
Les Radioamateurs :
- Radio Mont-de-Marsan
(1924)
- Radio Strasbourg
(1925)
- Radio Fécamp
(1926)
Un quotidien régional :
- Radio Sud-Ouest (1924),
radio du quotidien bordelais "La Petite Gironde"
Un casino :
- Radio Juan-les-Pins
(1926), radio du Casino de la ville du même nom.
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Les programmes.
La
bande FM n'étant pas encore découverte, les stations émettent sur OM,
OC ou GO, ce qui explique que les radios de province sont entendues non
seulement sur tout le territoire mais également dans l'Europe entière.
La puissante station privée Radio Toulouse se flatte également d'être
audible dans le monde entier.
Si la
technique évolue vite grâce aux inventeurs et bricoleurs divers qui se
nomment entre eux "les sans filistes", les programmes ne font pas
preuve d'une grande diversité et sont plutôt austères. Qu'elles soient
privées ou d'Etat, les radios diffusent des conférences ennuyeuses,
entrecoupées de concerts de musique classique, souvent diffusés en
direct du studio appelé encore auditorium. Néanmoins, les premiers
hommes de radio, généralement anciens comédiens ou artistes, inventent
ce métier nouveau et sont à l'origine des premiers journaux parlés, des
premiers reportages sportifs en direct, des premiers jeux, débats ou
feuilletons radiophoniques et des premières publicités radiodiffusées.
Bref, tout ce qui fait la radio du XXI éme siècle a été inventé par ces
pionniers.
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A
l'aube des années 30, 25 stations de radiodiffusion émettent en France.
6 à Paris, 18 en province et 1 internationale.
14 privées et 11 d'Etat.
Certaines stations des années 20 ont disparu, faute de moyens ou
d'enthousiasme (Radio Caen, Radio Mont-de-Marsan, ou le poste privé de
Radio Strasbourg). D'autres ont été rachetées ou ont changé de nom.
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La radio d'Etat.
La
radio d'Etat est constituée de stations d'origines diverses : L'armée,
les PTT, les associations d'auditeurs. En 1933, l'Etat rachète la plus
puissante radio privée, Radio Paris
(ex-Radiola) pour en faire sa vitrine, en concurrence avec ses autres
stations Paris PTT et la Tour Eiffel. Une station de radiodiffusion
internationale destinée à couvrir les colonies est inaugurée en 1931 : Le
Poste Colonial qui se transformera en 1938
en Paris-Mondial.
La Radiodiffusion Nationale
essaie de constituer un réseau homogène avec des émissions communes à
toutes les stations. Mais on est encore loin de la future structure de
l'ORTF ou de Radio France. Les stations régionales font preuve d'une
grande autonomie et malgré leurs faibles moyens, elles sont un
excellent outil de promotion de l'activité culturelle des grandes
villes de province. Une dernière station sera créée en 1935 à Nice :
Radio Nice-Côte d'Azur.
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La radio privée.
La
radio privée se structure. La CFR crée en 1933 la première radio dite
"périphérique" : Radio Luxembourg
(future RTL). Ses créateurs, les anciens propriétaires de Radio Paris
qui craignaient que la radio privée ne soit prochainement interdite sur
le territoire national obtiennent de l'Etat luxembourgeois la
concession d'exploitation exclusive de la radiodiffusion au Grand Duché.
Grâce à l'émetteur GO, le plus puissant du monde, Radio Luxembourg est
parfaitement audible en Europe de l'Ouest. Ses programmes résolument
internationaux s'adressent à l'auditeur français, anglais et allemand
dans sa langue d'origine. Chaque soirée est consacrée à un pays
d'Europe différent. Ses annonceurs sont en grande partie anglais car il
n'existe pas de station privée en Grande-Bretagne.
D'autres groupes privés se
disputent les stations ou leurs régies publicitaires aussi bien à Paris
qu'en Province.
- La
Compagnie Nationale de Radiodiffusion : Marcel Bleustein, a racheté
Radio LL pour en faire la puissante Radio
Cité, mais il contrôle aussi les
régies publicitaires de certaines radios en région, par l'intermédiaire
de sa société Publicis.
- La Radiophonie du Midi : Le puissant propriétaire de Radio Toulouse,
Jacques Trémoulet contrôle aussi Le
Poste de l'Ile-de-France (ex-Radio Vitus) à Paris et
d'autres stations de province comme Radio Agen, Radio
Bordeaux Sud-Ouest (ex Radio Sud Ouest) ou
Radio Montpellier. En 1939, craignant l'interdiction de la radio privée
en France, il crée la radio périphérique Radio
Andorre qui émettra durant près de
40 ans.
- Le groupe Laval : Cet homme politique contrôle Radio Lyon mais aussi
Radio Nîmes.
- Le groupe Brusset : Il contrôle Radio
Méditerranée (ex Radio Juan-les-Pins) et
projette la création d'un poste international à Epone qui ne verra pas
le jour en raison de la guerre.
- La Société Anonyme Radio-Normandie contrôle l'ancienne Radio Fécamp,
devenue Radio Normandie.
- La compagnie Moderne de Radiodiffusion : Elle appartient au groupe de
presse de Jean Prouvost (Paris-Midi et Paris-Soir) et rachète Radio
Béziers en 1937, transfert son émetteur à Paris pour en faire Radio
37.
Mais la radio privée est
menacée au gré des ministres des PTT qui se succèdent. Aucune création
privée nouvelle n'est autorisée, la publicité d'abord interdite est
ensuite très réglementée, l'information est contrôlée. Les radios
privées s'organisent et se regroupent en une "Fédération Française des
Postes Privés".
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Les programmes.
Les
années 30 voient également naître des programmes plus populaires, plus
distrayants, la musique légère remplace peu à peu la musique classique,
les jeux radiophoniques connaissent un succès grandissant, les
reportages sportifs de font plus vivants, les grands feuilletons
(notamment la Famille Duraton) passionnent la France.
Les stations les plus
populaires et les plus écoutées sont Radio Cité, Radio Luxembourg, Le
Poste Parisien, Radio Toulouse et Radio Normandie.
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