18
août 1944.
Au
petit matin, les Allemands organisent le départ en camion des derniers
personnels allemands et français de la station. Direction l'Allemagne,
via Metz. Il ne reste plus que quelques plantons et quelques personnels
administratifs en place, dans l'attente des événements.
19 août 1944.
Le
commandant des FFI de la région parisienne, le Colonel LIZE, autorise
un jeune résistant de 20 ans à prendre possession du poste. Jacques
MAGNE, dit " Dauberoche ", après avoir travaillé en 1942 pour un petit
bulletin agricole dont les directeurs étaient dans la résistance, se
retrouve un peu par hasard lié à un réseau de résistance qui dépendait
du B.C.R.A ( Bureau Central de Contre-espionnage de Renseignement et
d'Action) de Londres. En février 1944, il est chargé par son groupe
d'infiltrer la nouvelle station de radio mise en place par les
Allemands et qui se nomme " L'information Permanente ". Cette station
qui dépend de Radio Paris est, comme son nom l'indique, une station
d'information continue et elle émet sur Paris en OM depuis l'émetteur
de la Tour Eiffel. Ses locaux se trouvent au 114 avenue des Champs
Elysées, juste à coté de ceux de Radio Paris qui occupe le 116 et le
118.. Jacques Magne s'entoure d'un petit groupe de sympathisants dont
la mission est de passer des messages codés à l'antenne à travers des
nouvelles de type faits divers anodins, entièrement inventés. Ce petit
groupe prend le nom de groupe Dauvergne. Il entre également en contact
avec quelques employés de Radio Paris acquis à la résistance. Jacques
Magne obtient des armes de la mairie du IXème arrondissement, et
l'appui d'une trentaine de FFI pour occuper Radio Paris et
accessoirement, L'Information Permanente.
20 août 1944
Jacques
Magne et son groupe Dauvergne arrivent dans les locaux quasi désertés
de Radio Paris. Les plantons allemands de l'entrée n'opposent aucune
résistance et l'opération se fait sans verser une seule goutte de sang.
Radio Paris est maintenant aux mains des FFI, mais Jacques Magne ne se
contente pas d'occuper les lieux, il décide aussi de lancer sur la
capitale la station " PARIS NATIONAL ".
Aucun contact préalable n'avait été pris par le groupe avec la
Radiodiffusion de la Nation Française (RNF), seule habilitée par le
Gouvernement Provisoire à diffuser sur les ondes libérées. Jacques
Magne ignorait d'ailleurs l'existence de Jean Guignebert, le secrétaire
général à l'information. Le même jour, l'équipe officielle de la RNF
diffuse pour la première fois à 22h31 la Marseillaise, mais pour le
moment aucun communiqué, depuis son studio de la rue de l'Université
avec des émetteurs clandestins disséminés dans Paris. A Radio Paris,
les amis techniciens de Jacques Magne remettent en marche les
installations. Il reste un mystère sur l'émetteur utilisé pour la
diffusion de l'émission puisque Villebon et tous les émetteurs de la
région parisienne avaient été détruits par les Allemands. Il est
probable que ce soit l'émetteur de la Tour Eiffel qui ait été utilisé.
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GROUPE FFI RADIO CITE
ICI PARIS NATIONAL
'LES FORCES FRANCAISES
DE L'INTERIEUR VOUS PARLENT "
Pour la
première fois depuis la honteuse occupation de la capitale par les
armées allemandes, les forces françaises de l'intérieur, placées sous
le haut commandement du Général Koenig, vous font entendre aujourd'hui,
de Paris, la voix de la France, qui se retrouve au moment de la
libération si passionnément attendue depuis les sombres jours de 1940.
Toutes
les nouvelles des fronts de guerre sont bonnes. Maintenant les Alliés
sont en vue ; Ils pourchassent sans répit les débris de l'ennemi en
fuite. L'Allemand fuit. Il passe dans nos rues, sur nos avenues, devant
les milliers de patriotes français, qui savent maintenant que l'heure H
de la délivrance va sonner.
L'avance
des armées victorieuses de la France et de ses amis monte en une
irrésistible marée, jusqu'au c½ur de la Patrie, jusqu'à Paris, dont les
chaînes, si lourdes, se brisent et tombent dans le dernier fracas de la
bataille.
L'angoisse,
qui nous a tous étreints pendant ces heures d'attente, va cesser ; la
joie si longtemps contenue va pouvoir éclater sur les visages et sur
toutes les lèvres en un cri, qui résume toute notre haine contre
l'envahisseur et toute notre reconnaissance pour ceux qui son venus
nous faire revivre.
VIVE LA FRANCE
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Texte
du message lu au micro de PARIS NATIONAL
par
le groupe FFI "Dauvergne" le 22 août 1944.
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21 Août 1944.
La Radiodiffusion de la Nation Française passe uniquement des disques
pour la plupart interdits lors de l'occupation. Le seul texte lu est
celui de l'indicatif : " Ici, Radiodiffusion de la Nation Française "
et le communiqué suivant : " Nous vous prions de noter et de faire
connaître autour de vous que nous émettons sur les longueurs d'ondes
suivantes : OC 41,61 m, OM 206 m et 224 m. Dès que les circonstances le
permettront, nous diffuserons des informations. "
En revanche, aux Champs Elysées, l'antenne est encore muette.
22 août 1944.
A 16h Rol-Tanguy, responsable FTP donne l'ordre d'émettre l'appel aux
armes. Cet ordre arrive à la fois rue de l'Université où se trouve la
Radiodiffusion de la Nation Française et aux Champs Elysées où l'équipe
de Jacques Magne a remis en service les installations. Le projet étant
peu préparé, ils s'annoncent tantôt " Groupe FFI de Radio Cité ",
tantôt " Poste Parisien ", l'ancien locataire des lieux avant-guerre,
tantôt " PARIS NATIONAL ". A 20h45, PARIS NATIONAL lance son appel à
l'insurrection. A 22h30 la RNF fait de même et répète le message chaque
quart d'heure durant toute la nuit.
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