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Les radios de propagande.
Dès 1939, avec la déclaration de la guerre, la radio va devenir une
redoutable arme de propagande. Les radios officielles de chaque pays
vont distiller de la propagande à la fois en direction de leurs
ressortissants pour les mobiliser et les préparer à donner leur sang
mais aussi en direction des pays étrangers et en particulier,
évidemment, ennemis.
Radio Stuttgart est la principale radio de propagande nazie. Elle va
embaucher des speakers français pour sa propagande en direction de
notre pays, notamment un nommé Paul Ferdonnet. Et la France
fera de même en embauchant des speakers allemands, pour la plupart
réfugiés politiques, sur ses antennes nationales, comme un certain Carl
Heil. La propagande officielle française est confiée en 1939 à
l'écrivain Jean Giraudoux qui dirige le Commissariat Général à
l'Information. Toutes les informations radiophoniques qu'elles émanent
des radios publiques ou privées, sont soumises à la censure. Et
bientôt, elles ne diffuseront qu'un même bulletin d'information pour
éviter les voix discordantes. Mais la propagande française, trop
élitiste et intellectuelle, est un échec. Jean Giroudoux en
est écarté peu avant l'invasion allemande.
A coté des radios officielles, la propagande est aussi diffusée par des
radios clandestines. Tous les pays lancent des radios destinées à semer
le trouble dans les diverses opinions publiques. On parle de propagande
noire, grise ou blanche. La propagande blanche est le fait de stations
qui dévoilent clairement leur origine. La propagande grise provient de
stations prétendument neutres mais dont le discours insidieux poursuit
les objectifs d'un camp. Quant à la propagande noire, elle se présente
comme amicale et cache totalement sa véritable origine. Radio Humanité,
prétendument communiste et La Voix de la Paix, prétendument pacifiste,
étaient en fait imaginées par les nazis avant l'invasion. De son coté
la France avait aussi lancé en 1939 « Deutscher
Freiheitssender » et « Österreischische
Freiheitssender », deux postes soit disant allemand et
autrichien.
Avec l'invasion de la France ces radios cesseront leurs émissions mais
d'autres prendront le relais, initiées par les britanniques, les
français de Vichy ou les allemands.
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Une radio périphérique
s'endort, l'autre s'éveille.
Avec la déclaration de
guerre entre la France et l'Allemagne, le Grand-Duché de Luxembourg,
qui tient à garder sa neutralité et surtout ne pas donner de prétextes
d'interventions aux belligérants, décide de mettre en sommeil sa radio
nationale, Radio Luxembourg. Dans un premier temps, elle cesse ses
émissions de distraction pour ne diffuser à heures données que les
communiqués officiels du gouvernement luxembourgeois. Mais à partir du
21 septembre 1939, elle cesse toute émission. L'émetteur est démonté et
transféré en France. Les français perdent une de leur principale radio
de distraction. Quelques semaines plus tôt, le 3 août 1939, c'est à
l'autre bout du pays, en principauté d'Andorre qu'avait été inaugurée
la nouvelle radio périphérique Radio Andorre. Elle aussi va cesser ses
émissions le 28 août 1939, juste avant la déclaration de guerre, mais,
contrairement à Radio Luxembourg, elle va les reprendre le 3 avril 1940.
Radio Luxembourg restera muette durant toute la guerre et l'annexion du
Grand Duché, son antenne servira de relai à la radio allemande. Elle ne
renaîtra qu'à la Libération. Quant à Radio Andorre, elle ne cessera
plus ses émissions mais ne diffusera que de la musique, sans aucune
information pour respecter la neutralité de la principauté d'Andorre.
Elle restera durant toute l'occupation, une des radios les plus
écoutées en France et même en Europe, pour le réconfort et la détente
qu'elle apporte.
Une troisième radio périphérique fera son apparition en 1943 en
Principauté de Monaco, Radio Monte-Carlo. Mais les fées qui se
pencheront sur son berceau auront le visage des français de la
collaboration ou des allemands et des italiens de l'occupation. On
pouvait rêver mieux comme bénédiction, mais la station arrivera tant
bien que mal à ne pas être une radio de propagande comme celles de
Paris ou Vichy.
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L'invasion de la France et
le sabordage des radios.
En
mai 1940, après avoir envahi la Belgique et le Luxembourg, les
allemands pénètrent sur le sol français. Au fur et à mesure de leur
progression, l'armée française procède au dynamitage des émetteurs de
radio afin qu'ils ne soient pas récupérés par l'ennemi. Radio Lille est
la première à se saborder. L'émetteur de Camphin est saboté par les
techniciens de la station. Le 13 juin, presque tous les émetteurs
parisiens, qu'ils soient privés ou d'Etat, sont mis hors d'Etat de
fonctionner par les français avant leur repli dans le sud. Radio 37,
Radio Cité, le Poste de l'Ile de France, le Poste Parisien, Paris PTT
ou la Tour Eiffel, cessent leurs émissions. Seule Radio Paris continue
d'émettre depuis son émetteur GO d'Allouis situé dans le centre de la
France. Le 14 juin Paris est occupé par les Allemands. Tous les
services de la radio se sont dispersés entre Vichy, Bordeaux ou
Marseille. Les émetteurs du sud de la France sont réquisitionnés par
l'armée pour assurer la continuité des émissions de Radio Paris en cas
d'occupation de l'émetteur d'Allouis.
Le 15 juin, l'armée française fait sauter l'émetteur de Brumath à
Strasbourg. C'est le 17 juin, au micro de Bordeaux Lafayette, relayé
par toutes les radios encore non occupées que le maréchal Pétain
annonce l'Armistice. Son discours sera suivi le lendemain par celui
d'un général encore inconnu. Le 18 juin 1940 le Général de
Gaulle adresse aux français son fameux appel depuis le micro de la BBC
à Londres, refusant la collaboration avec l'ennemi et invitant tous les
militaires à le rejoindre à Londres.
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Recomposition de la radio en
France durant l'occupation.
Après
la signature de l'Armistice et une courte période où plus aucun poste
n'est autorisé à émettre depuis le sol français, Radio Andorre étant le
seul encore en activité, une nouvelle radio va se mettre en place. Dans
la zone occupée par les nazis, une seule radio va être autorisée, celle
de Radio Paris qui est totalement contrôlée par les Allemands mais qui
parle en français. Cette radio va être, jusqu'en 1944, au service de la
propagande du IIIe Reich. Elle sera relayée en passif par plusieurs
émetteurs remis en état, et en particulier les anciens émetteurs des
radios parisiennes, ceux de Bordeaux, celui de Radio Normandie ou celui
de Rennes. Le seul émetteur qui assurera un décrochage régional, mais
aussi contrôlé par les allemands, est celui de Rennes.
Dans la zone sud, sous administration de l'Etat de Vichy, une nouvelle
radio nationale voit le jour. La Radiodiffusion Nationale installe son
siège dans la nouvelle capitale de l'Etat français, Vichy. Si des
émissions partent des studios improvisés dans un hôtel vichyssois,
d'autres sont réalisées dans les studios de la radio d'Etat des grandes
villes du Sud. Plus aucun programme régional n'est diffusé par les
émetteurs d'Etat. Les équipes régionales produisent des émissions qui
sont diffusées sur l'ensemble du réseau national.
Quant aux radios privées, si elles seront totalement interdites en zone
occupée, elles seront autorisées à reprendre leurs émissions en zone
libre et les poursuivront d'ailleurs en novembre 1942 lors de
l'invasion de la zone sud par les Allemands. Elles diffuseront les
informations de la Radiodiffusion Nationale de Vichy ainsi qu'un
programme unique produit par la Fédération Française de Radiodiffusion,
l'organe qui réunit toutes les radios privées.
Mais ces stations continueront à assurer des décrochages régionaux dans
la journée.
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Radio Paris, la
Radiodiffusion Nationale et la BBC.
Trois
voix d'expression française vont se faire entendre durant toute la
guerre.
Celle de Radio Paris propose des émissions très populaires, avec des
chansonniers, des variétés, des concerts, mais aussi des émissions de
propagande. Si les voix qui s'expriment à son micro sont toutes
pro-nazies, les français qui travailleront à Radio Paris sont
de toutes tendances. Certains sont totalement acquis à la cause nazie
et souhaitent la victoire totale de l'Allemagne en Europe. D'autres
collaborent plus par intérêt personnel que par conviction politique, et
d'autres enfin, vont se contenter de seconds rôles mais vont préparer
clandestinement la renaissance de la radio à la Libération. La
principale voix française de propagande nazie va être incarnée par
Jean-Hérold Paquis, éditorialiste de Radio Paris qui sera fusillé par
les français à la Libération. Les informations de Radio Paris seront
uniquement destinées à louanger les victoires allemandes sur le front,
et les émissions vont diffuser plus ou moins subtilement, l'idéologie
raciste anti-juive, et la glorification du nazisme.
La Radiodiffusion Nationale de Vichy va être ballotées entre les
différentes tendances qui auront le pouvoir aux cotés du maréchal
Pétain. Une tendance d'extrême droite pro nazie va être remplacée par
une équipe plus distante de l'idéologie nazie mais au service de la
nouvelle France incarnée dans la devise « Travail – Famille -
Patrie ». Puis, peu à peu, la Radio Nationale va à nouveau se
rapprocher des idées exprimées par Radio Paris et la collaboration
active, anti-gaulliste, va s'exprimer à travers des orateurs
comme Philippe Henriot, éditorialiste de la Radio Nationale,
dont les chroniques seront aussi relayées par Radio Paris. Philippe
Henriot va promouvoir le STO, c'est-à-dire l'obligation pour les jeunes
d'aller travailler en Allemagne, et va livrer bataille à la résistance
en essayant de dissuader les jeunes français de rentrer dans le maquis.
Philippe Henriot sera abattu par les résistants en 1944 peu avant la
Libération de Paris.
Enfin, la France libre, incarnée par le général de Gaulle, va aussi
bénéficier de différents micros pour s'exprimer. Le premier étant celui
de la BBC à Londres où le général et ses collaborateurs bénéficient
d'une chronique. Maurice Schumann, Pierre Brosolette, puis André
Gillois seront les porte-paroles du général à l'antenne de la BBC. Mais
d'autres s'y exprimeront comme Pierre Bourdan, Jacques Duchesne, Jean
Marin, Jean Oberlé ou Pierre Dac. La France libre s'exprimera
aussi sur d'autres micros, comme celui de Radio Brazzaville en Afrique
noire, puis ceux d'Afrique du Nord après le débarquement
anglo-américain en 1942.
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La fin des radios de la
collaboration.
A la
Libération, les collaborateurs de Radio Paris ou de la Radiodiffusion
Nationale de Vichy vont prendre la fuite pour certains, vont être
condamnés pour d'autres, mais tous vont être interdits d'antenne pour
des périodes plus ou moins longues, voire définitives.
Les propriétaires des radios privées qui avaient poursuivi leurs
émissions après l'occupation nazie, vont faire l'objet de poursuites
pour « intelligence avec l'ennemi ». Seuls
les résistants de ces radios publiques ou privées, comme Pierre
Schaeffer à Paris, vont participer à la renaissance de la radio
française en 1944. Ils seront également encadrés par les français de la
BBC qui avaient anticipé la restructuration de la radio nationale.
La libération des émetteurs français va connaître des scénarios très
différents d'une région à l'autre. Les allemands vont, à leur tour,
dynamiter de nombreux émetteurs dans leur retraite, la France libre
devra reconstruire un réseau d'émetteurs fortement endommagés.
Certaines stations vont se libérer « de l'intérieur »
par des résistants qui vont se révéler dans les équipes en place et qui
vont prendre le pouvoir avec l'arrivée des alliés. D'autres vont être
libérées par l'armée française, d'autres par les Forces
françaises de l'intérieur (FFI), d'autres par les troupes
anglo-américaines. De nombreuses voix vont donc s'adresser aux français
pour leur annoncer la libération de leur ville, de leur région, de leur
pays.
Mais cette cacophonie liée à l'euphorie de la Libération va très vite
être normalisée par une structure centralisée au main du Général de
Gaulle : La Radiodiffusion de la Nation Française.
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La naissance d'un nouveau
réseau d'Etat.
Peu à
peu, les radios privées en état d'émettre, vont être
« invitées » à relayer la Radio de la Nation
Française et à cesser leurs programmes locaux. Les postes aux mains des
alliés ou des FFI vont, soit cesser leurs émissions, soit relayer à
leur tour la la Radio de la Nation Française. Là aussi, tous les cas de
figures vont se présenter en fonction de l'utilité stratégique de
l'émetteur, des équipes en place et de leur allégeance au nouveau
pouvoir. Certaines radios vont bénéficier d'une tolérance provisoire,
le temps d'être capables de relayer le signal diffusé depuis Paris.
D'autres vont être fermées manu militari, car la France est
« une et indivisible » et doit désormais ne parler
que d'une seule voix, celle de la République.
Un monopole de la radio d'Etat ne sera confirmé et imposé par la
législation qu'en 1945, mais la seconde moitié de l'année 44 va peut à
peu confirmer deux phénomènes :
La re-centralisation de la radio à Paris et la fin des radios
régionales ou locales qui ne seront juste autorisées qu'à diffuser un
programme local durant de courts décrochages.
La fin des radios privées sur le territoire national et leur
rejet en périphérie dans les petits états limitrophes du Luxembourg, de
Monaco ou de l'Andorre. Radio Monte-Carlo et Radio Luxembourg
renaîtront de leurs cendres en 1945, quant à Radio Andorre, comme en
1940, elle n'a pas cessé ses émissions et elle continue sa diffusion
musicale comme si rien ne s'était passé.
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