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Chronologie
1940 - 1944 : La guerre des Ondes

LES GRANDES LIGNES

 

La drôle de guerre et la guerre des ondes

Les radios de propagande.
Dès 1939, avec la déclaration de la guerre, la radio va devenir une redoutable arme de propagande. Les radios officielles de chaque pays vont distiller de la propagande à la fois en direction de leurs ressortissants pour les mobiliser et les préparer à donner leur sang mais aussi en direction des pays étrangers et en particulier, évidemment, ennemis.
Radio Stuttgart est la principale radio de propagande nazie. Elle va embaucher des speakers français pour sa propagande en direction de notre pays, notamment un nommé  Paul Ferdonnet. Et la France fera de même en embauchant des speakers allemands, pour la plupart réfugiés politiques, sur ses antennes nationales, comme un certain Carl Heil. La propagande officielle française est confiée en 1939 à l'écrivain Jean Giraudoux qui dirige le Commissariat Général à l'Information. Toutes les informations radiophoniques qu'elles émanent des radios publiques ou privées, sont soumises à la censure. Et bientôt, elles ne diffuseront qu'un même bulletin d'information pour éviter les voix discordantes. Mais la propagande française, trop élitiste et intellectuelle,  est un échec. Jean Giroudoux en est écarté peu avant l'invasion allemande.
A coté des radios officielles, la propagande est aussi diffusée par des radios clandestines. Tous les pays lancent des radios destinées à semer le trouble dans les diverses opinions publiques. On parle de propagande noire, grise ou blanche. La propagande blanche est le fait de stations qui dévoilent clairement leur origine. La propagande grise provient de stations prétendument neutres mais dont le discours insidieux poursuit les objectifs d'un camp. Quant à la propagande noire, elle se présente comme amicale et cache totalement sa véritable origine. Radio Humanité, prétendument communiste et La Voix de la Paix, prétendument pacifiste, étaient en fait imaginées par les nazis avant l'invasion. De son coté la France avait aussi lancé en 1939 « Deutscher Freiheitssender » et « Österreischische  Freiheitssender », deux postes soit disant allemand et autrichien.
Avec l'invasion de la France ces radios cesseront leurs émissions mais d'autres prendront le relais, initiées par les britanniques, les français de Vichy ou les allemands.

Une radio périphérique s'endort, l'autre s'éveille.

Avec la déclaration de guerre entre la France et l'Allemagne, le Grand-Duché de Luxembourg, qui tient à garder sa neutralité et surtout ne pas donner de prétextes d'interventions aux belligérants, décide de mettre en sommeil sa radio nationale, Radio Luxembourg. Dans un premier temps, elle cesse ses émissions de distraction pour ne diffuser à heures données que les communiqués officiels du gouvernement luxembourgeois. Mais à partir du 21 septembre 1939, elle cesse toute émission. L'émetteur est démonté et transféré en France. Les français perdent une de leur principale radio de distraction. Quelques semaines plus tôt, le 3 août 1939, c'est à l'autre bout du pays, en principauté d'Andorre qu'avait été inaugurée la nouvelle radio périphérique Radio Andorre. Elle aussi va cesser ses émissions le 28 août 1939, juste avant la déclaration de guerre, mais, contrairement à Radio Luxembourg, elle va les reprendre le 3 avril 1940.
Radio Luxembourg restera muette durant toute la guerre et l'annexion du Grand Duché, son antenne servira de relai à la radio allemande. Elle ne renaîtra qu'à la Libération. Quant à Radio Andorre, elle ne cessera plus ses émissions mais ne diffusera que de la musique, sans aucune information pour respecter la neutralité de la principauté d'Andorre. Elle restera durant toute l'occupation, une des radios les plus écoutées en France et même en Europe, pour le réconfort et la détente qu'elle apporte.
Une troisième radio périphérique fera son apparition en 1943 en Principauté de Monaco, Radio Monte-Carlo. Mais les fées qui se pencheront sur son berceau auront le visage des français de la collaboration ou des allemands et des italiens de l'occupation. On pouvait rêver mieux comme bénédiction, mais la station arrivera tant bien que mal à ne pas être une radio de propagande comme celles de Paris ou Vichy. 

 

L'invasion et l'occupation

L'invasion de la France et le sabordage des radios.

En mai 1940, après avoir envahi la Belgique et le Luxembourg, les allemands pénètrent sur le sol français. Au fur et à mesure de leur progression, l'armée française procède au dynamitage des émetteurs de radio afin qu'ils ne soient pas récupérés par l'ennemi. Radio Lille est la première à se saborder. L'émetteur de Camphin est saboté par les techniciens de la station. Le 13 juin, presque tous les émetteurs parisiens, qu'ils soient privés ou d'Etat, sont mis hors d'Etat de fonctionner par les français avant leur repli dans le sud. Radio 37, Radio Cité, le Poste de l'Ile de France, le Poste Parisien, Paris PTT ou la Tour Eiffel, cessent leurs émissions. Seule Radio Paris continue d'émettre depuis son émetteur GO d'Allouis situé dans le centre de la France. Le 14 juin Paris est occupé par les Allemands. Tous les services de la radio se sont dispersés entre Vichy, Bordeaux ou Marseille. Les émetteurs du sud de la France sont réquisitionnés par l'armée pour assurer la continuité des émissions de Radio Paris en cas d'occupation de l'émetteur d'Allouis.
Le 15 juin, l'armée française fait sauter l'émetteur de Brumath à Strasbourg. C'est le 17 juin, au micro de Bordeaux Lafayette, relayé par toutes les radios encore non occupées que le maréchal Pétain annonce l'Armistice. Son discours sera suivi le lendemain par celui d'un général encore inconnu. Le 18 juin 1940 le  Général de Gaulle adresse aux français son fameux appel depuis le micro de la BBC à Londres, refusant la collaboration avec l'ennemi et invitant tous les militaires à le rejoindre à Londres.

 

Recomposition de la radio en France durant l'occupation.

Après la signature de l'Armistice et une courte période où plus aucun poste n'est autorisé à émettre depuis le sol français, Radio Andorre étant le seul encore en activité, une nouvelle radio va se mettre en place. Dans la zone occupée par les nazis, une seule radio va être autorisée, celle de Radio Paris qui est totalement contrôlée par les Allemands mais qui parle en français. Cette radio va être, jusqu'en 1944, au service de la propagande du IIIe Reich. Elle sera relayée en passif par plusieurs émetteurs remis en état, et en particulier les anciens émetteurs des radios parisiennes, ceux de Bordeaux, celui de Radio Normandie ou celui de Rennes. Le seul émetteur qui assurera un décrochage régional, mais aussi contrôlé par les allemands, est celui de Rennes.
Dans la zone sud, sous administration de l'Etat de Vichy, une nouvelle radio nationale voit le jour. La Radiodiffusion Nationale installe son siège dans la nouvelle capitale de l'Etat français, Vichy. Si des émissions partent des studios improvisés dans un hôtel vichyssois, d'autres sont réalisées dans les studios de la radio d'Etat des grandes villes du Sud. Plus aucun programme régional n'est diffusé par les émetteurs d'Etat. Les équipes régionales produisent des émissions qui sont diffusées sur l'ensemble du réseau national.
Quant aux radios privées, si elles seront totalement interdites en zone occupée, elles seront autorisées à reprendre leurs émissions en zone libre et les poursuivront d'ailleurs en novembre 1942 lors de l'invasion de la zone sud par les Allemands. Elles diffuseront les informations de la Radiodiffusion Nationale de Vichy ainsi qu'un programme unique produit par la Fédération Française de Radiodiffusion, l'organe qui réunit toutes les radios privées.
Mais ces stations continueront à assurer des décrochages régionaux dans la journée. 

 

Radio Paris, la Radiodiffusion Nationale et la BBC.

Trois voix d'expression française vont se faire entendre durant toute la guerre.

Celle de Radio Paris propose des émissions très populaires, avec des chansonniers, des variétés, des concerts, mais aussi des émissions de propagande. Si les voix qui s'expriment à son micro sont toutes pro-nazies, les français qui travailleront à Radio Paris  sont de toutes tendances. Certains sont totalement acquis à la cause nazie et souhaitent la victoire totale de l'Allemagne en Europe. D'autres collaborent plus par intérêt personnel que par conviction politique, et d'autres enfin, vont se contenter de seconds rôles mais vont préparer clandestinement la renaissance de la radio à la Libération. La principale voix française de propagande nazie va être incarnée par Jean-Hérold Paquis, éditorialiste de Radio Paris qui sera fusillé par les français à la Libération. Les informations de Radio Paris seront uniquement destinées à louanger les victoires allemandes sur le front, et les émissions vont diffuser plus ou moins subtilement, l'idéologie raciste anti-juive, et la glorification du nazisme.

La Radiodiffusion Nationale de Vichy va être ballotées entre les différentes tendances qui auront le pouvoir aux cotés du maréchal Pétain. Une tendance d'extrême droite pro nazie va être remplacée par une équipe plus distante de l'idéologie nazie mais au service de la nouvelle France incarnée dans la devise « Travail – Famille - Patrie ». Puis, peu à peu, la Radio Nationale va à nouveau se rapprocher des idées exprimées par Radio Paris et la collaboration active, anti-gaulliste, va s'exprimer à travers des orateurs comme  Philippe Henriot, éditorialiste de la Radio Nationale, dont les chroniques seront aussi relayées par Radio Paris. Philippe Henriot va promouvoir le STO, c'est-à-dire l'obligation pour les jeunes d'aller travailler en Allemagne, et va livrer bataille à la résistance en essayant de dissuader les jeunes français de rentrer dans le maquis. Philippe Henriot sera abattu par les résistants en 1944 peu avant la Libération de Paris.

Enfin, la France libre, incarnée par le général de Gaulle, va aussi bénéficier de différents micros pour s'exprimer. Le premier étant celui de la BBC à Londres où le général et ses collaborateurs bénéficient d'une chronique. Maurice Schumann, Pierre Brosolette, puis André Gillois seront les porte-paroles du général à l'antenne de la BBC. Mais d'autres s'y exprimeront comme Pierre Bourdan, Jacques Duchesne, Jean Marin, Jean Oberlé  ou Pierre Dac. La France libre s'exprimera aussi sur d'autres micros, comme celui de Radio Brazzaville en Afrique noire, puis ceux d'Afrique du Nord après le débarquement anglo-américain en 1942. 

 

La Libération

La fin des radios de la collaboration.

A la Libération, les collaborateurs de Radio Paris ou de la Radiodiffusion Nationale de Vichy vont prendre la fuite pour certains, vont être condamnés pour d'autres, mais tous vont être interdits d'antenne pour des périodes plus ou moins longues, voire définitives.
Les propriétaires des radios privées qui avaient poursuivi leurs émissions après l'occupation nazie, vont faire l'objet de poursuites pour « intelligence avec l'ennemi ».  Seuls les résistants de ces radios publiques ou privées, comme Pierre Schaeffer à Paris, vont participer à la renaissance de la radio française en 1944. Ils seront également encadrés par les français de la BBC qui avaient anticipé la restructuration de la radio nationale.
La libération des émetteurs français va connaître des scénarios très différents d'une région à l'autre. Les allemands vont, à leur tour, dynamiter de nombreux émetteurs dans leur retraite, la France libre devra reconstruire un réseau d'émetteurs fortement endommagés.
Certaines stations vont se libérer « de l'intérieur » par des résistants qui vont se révéler dans les équipes en place et qui vont prendre le pouvoir avec l'arrivée des alliés. D'autres vont être libérées par l'armée française, d'autres par les  Forces françaises de l'intérieur (FFI), d'autres par les troupes anglo-américaines. De nombreuses voix vont donc s'adresser aux français pour leur annoncer la libération de leur ville, de leur région, de leur pays.
Mais cette cacophonie liée à l'euphorie de la Libération va très vite être normalisée par une structure centralisée au main du Général de Gaulle : La Radiodiffusion de la Nation Française. 

 

La naissance d'un nouveau réseau d'Etat.

Peu à peu, les radios privées en état d'émettre, vont être « invitées » à relayer la Radio de la Nation Française et à cesser leurs programmes locaux. Les postes aux mains des alliés ou des FFI vont, soit cesser leurs émissions, soit relayer à leur tour la la Radio de la Nation Française. Là aussi, tous les cas de figures vont se présenter en fonction de l'utilité stratégique de l'émetteur, des équipes en place et de leur allégeance au nouveau pouvoir. Certaines radios vont bénéficier d'une tolérance provisoire, le temps d'être capables de relayer le signal diffusé depuis Paris. D'autres vont être fermées manu militari, car la France est « une et indivisible » et doit désormais ne parler que d'une seule voix, celle de la République.
Un monopole de la radio d'Etat ne sera confirmé et imposé par la législation qu'en 1945, mais la seconde moitié de l'année 44 va peut à peu confirmer deux phénomènes :
La re-centralisation de la radio à Paris et la fin des radios régionales ou locales qui ne seront juste autorisées qu'à diffuser un programme local durant de courts décrochages.
La fin des radios privées sur le territoire national  et leur rejet en périphérie dans les petits états limitrophes du Luxembourg, de Monaco ou de l'Andorre. Radio Monte-Carlo et Radio Luxembourg renaîtront de leurs cendres en 1945, quant à Radio Andorre, comme en 1940, elle n'a pas cessé ses émissions et elle continue sa diffusion musicale comme si rien ne s'était passé. 

 


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