Censure et propagande.
Avec
la montée des
tensions internationales et l'approche de la guerre, la radio
française doit s'organiser pour contrer l'efficace propagande de
la radio allemande. En février est créé le Centre
Permanent de l'Information qui contrôle toute
l'information des
radios d'Etat. Le Radio-Journal de Paris PTT et les émissions
d'information dépendent de lui. En décembre deux
décrets parachèvent l'organisation de guerre de la radio
française. La radio d'Etat ne dépendra plus du
ministère des PTT mais sera organisée en administration
dépendant directement de la Présidence du Conseil.
Léon Brillouin est chargé de la diriger et de l'unifier.
Il est assisté du romancier Georges Duhamel chargé de la
direction des émissions littéraires, artistiques et
musicales. Mais en France, quand on peut faire compliqué...
Parallèlement un décret instaure également un Commissariat Général à
l'Information dirigé
par l'écrivain Jean Giraudoux et chapeautant la propagande en
France qu'elle soit radiophonique ou non. C'est l'ensemble de ces
directions, assistées d'un service de la censure, d'un
représentant du Secrétariat Général de la
Défense Nationale qui préside désormais à
la destinée de la radio française. Jean Giraudoux est
chargé de coordonner cette organisation complexe et il
s'implique personnellement au micro pour répondre aux
éditorialistes des radios allemandes. Malheureusement nos
intellectuels parisiens sont loin de maîtriser l'art de la
propagande. Les discours philosophiques, les allusions
littéraires, le second degré ne sont pas compris des
français. C'est un fiasco complet. Les français se
détournent de leur radio et préfèrent
écouter les radios étrangères avec le danger que
cela représente. La mobilisation éloigne aussi du micro
les animateurs populaires des radios privées, ce qui ne
contribue pas non plus à rendre la radio plus attractive. La
France a perdu la première bataille, celle de la propagande
radiophonique. Le 3 septembre 1939 la déclaration de guerre de
la France à l'Allemagne est annoncée à la radio.
21
janvier 1939 :
Pierre Fénélon est nommé Directeur par
intérim de la radio d'Etat.
4
février 1939 :
Création du Centre Permanent de l'Information
Générale dirigé par le journaliste Emile Lohner.
Ce centre regroupe les émissions d'information, le centre
d'écoutes de Bicêtre et les émissions en langues
étrangères. Il dépend directement de la
Présidence du Conseil et ses bureaux sont installés rue
François 1er à Paris. Toutes les radios privées et
d'Etat y sont représentées par un journaliste.
29
juillet 1939 :
Les PTT perdent définitivement l'administration de la radio
d'Etat. Elle dépend désormais du Commissariat
Général à l'Information qui dépend
directement de la Présidence du Conseil. Le Président du
Conseil, Edouard Dalladier, a nommé Jean Giraudoux à la
tête du Haut Commissariat à l'information. Léon
Brillouin devient Directeur de la Radiodiffusion Nationale.
3
août 1939 :
Création de la station privée Radio Andorre.
Cette
station est la deuxième radio périphérique
française après Radio Luxembourg. Elle est due à
l'initiative du propriétaire de Radio Toulouse, Jacques
Trémoulet qui a obtenu l'exploitation exclusive de la radio en
Principauté d'Andorre. La station est, dès le
début, bilingue, français-espagnol. Son émetteur
est installé à Encamp dans une maison de la radio
construite en style néo-roman et son antenne se dresse au bord
du Lac d'Engolasters, ce qui en fait l'antenne la plus haute d'Europe.
La station fait le choix de ne pas diffuser d'informations mais
uniquement des disques. A la veille de la déclaration de guerre,
ce choix est dicté davantage par une prudence
prémonitoire que par un prétendu cahier des charges
imposé par les autorités andorranes soucieuses de leur
neutralité. Radio Andorre est audible dans l'Europe
entière et dans toute la France.
7
août 1939 :
Inauguration de Radio Andorre par Anatole de Monzie, Ministre
français des Travaux Publics.
27
août 1939 :
Un décret instaure la censure de toutes les émissions de
radio. Elle est confiée au Haut Commissariat à
l'Information.
28
août 1939 :
Les émissions de Radio Andorre sont interrompues en raison de la
tension internationale et en attendant des instructions du gouvernement
français.
1er
septembre 1939 :
Le nouveau centre Ondes Courtes d'Allouis, baptisé "le Mondial"
est mis en service. Il est situé à quelques mètres
du "National".
3
septembre 1939 La France déclare la guerre
à l'Allemagne.
Le personnel de Radio Strasbourg est évacué à
Paris. La plupart des poste d'Etat de région cessent leurs
émissions locales et se contentent de relayer Paris (Grenoble,
Nice, Marseille...)
21
septembre 1939 : Sur ordre du Gouvernement
Grand Ducal qui souhaite
préserver la neutralité du pays, Radio Luxembourg
cesse
ses émissions. Elle ne les reprendra qu'après la
Libération du pays par les Américains en 1944. Le
personnel de la CSF transporte une partie du matériel à
Paris et met le reste hors d'état de fonctionner à partir
du mois d'octobre. Ce matériel est mis au service de
l'émetteur de Radio Paris aux Essarts.
30
novembre 1939 :
Au Maroc, Radio
Impérial (Radio Tanger) devient une radio
française dont la direction est confiée à Charles
Michelson.
16
décembre 1939 :
Les allemands lancent deux radios de propagande en français :
"Radio Humanité"
et la "Voix de la
Paix". "Radio
Humanité" prétendument "poste du mouvement ouvrier
révolutionnaire" est destiné à mobiliser les
ouvriers contre la guerre. Il sème la confusion dans l'esprit
des auditeurs qui l'imaginent dépendant du parti communiste
français. Il dénonce les capitalistes anglais qui veulent
livrer la France à la guerre pour leurs seuls
intérêts.
"La Voix de la Paix" se veut pacifiste et
dénoncent les va-t-en guerre du gouvernement français.
Ces émetteurs fonctionneront jusqu'au 25 juin 1940.
Décembre
1939 :
Les Français créent deux "postes noirs"
prétendument allemands et autrichiens : "Deutscher
Freiheits Sender" et "Österreischischer
Freiheitssender". Leur
audience restera insignifiante.
DECRETS.
29
juillet 1939 : Décret-loi (Décret
Dalladier) qui met la radio
sous la tutelle de la nouvelle "Administration de Radiodiffusion
Nationale". Les PTT n'en auront plus la gestion.
Ce décret institue un Commissariat Général à
l'Information qui
dépend directement de la Présidence du Conseil. Ce
Commissariat Général à l'Information a pour
mission d'organiser, animer et coordonner tous les services
d'information et d'expansion française. Lui sont directement
rattachés :
- les service d'information et de propagande économique existant
à la Présidence du Conseil
- le service de contrôle des films cinématographiques qui
était dépendant du Ministère de l'Education
Nationale
- la radiodiffusion nationale et le contrôle de la radiodiffusion
privée, qui étaient des attributions du Ministère
des PTT.
Jean Giroudoux est nommé Commissaire Général
à l'Information..
Un
second décret prévoit aussi la création d'une
administration unique dénommée "Administration
de la
Radiodiffusion Nationale". la Radiodiffusion
Nationale dont le Directeur est
nommé par décret. Léon Brillouin est nommé
Directeur de la radiodiffusion Nationale. La Radiodiffusion Nationale
dépend directement de l'autorité du Président du
Conseil assisté du ministre des PTT.
Elle dispose d'un budget annexe et comprend une administration centrale
et une administration régionale. L'administration
régionale est répartie en 12 régions
radiophoniques dirigées par un secrétaire administratif
régional. Les stations régionales échappent ainsi
définitivement de fait à leurs Conseils de Gérance
élus, bien qu'aucune disposition du décret ne le
précise pour le moment.
Jean
Giraudoux et Léon Brillouin inaugurent leurs nouvelles fonctions
le 20 août 1939.
19
septembre 1939 : Décret qui permet la
réquisition du poste
privé Radio Normandie afin d'en faire un poste au service des
émissions vers l'étranger.
Stations d'Etat
Tutelle
Nom de la radio
Longueur d'ondes et
puissance.
Commissariat Général à
l'Information
GO : 1648 m - 80 kW
GO : 206 m - 20 kW
OM : 431,7 m - 120 kW
OM : 463 m - 100 kW
OM : 400,5 m - 100 kW
OM : 288,6 m - 120 kW
OM : 278,6 m - 30 kW
OM : 386,6 m - 120 kW
OM : 247,3 m - 60 kW
OM : 335,2 m - 1 kW
OM : 514,6 m - 15 kW
OM : 224,5 m - 5 kW
OM : 349,2 m - 120 kW
Nice PTT
OM : 253,2 m - 60 kW
Paris Mondial
OC: 24 m, 25 m, 31 m et 41
m- 25 kW
Stations privées autorisées
Propriétaire
Nom de la radio
Longueur d'ondes et
puissance.
OM : 312,8 m - 66 kW
OM : 280,9 m - 2 kW
OM : 222 m - 2 kW
OM : 360,6 m - 2 kW
OM : 328,6 m - 60 kW
OM : 215,4 m - 25 kW
OM : 309,9 m - 3 kW
OM : m - 1,2 kW
OM : 309,9 m - 0,6 kW
OM : 235 m - 0,8 kW
OM : 201 m - 1 kW
OM : 212,6 m - 5 kW
Stations périphériques
OL : 1293 m - 200 kW
OM :
410 m - 350 kW
OC : 25 m et 32 m
La plupart des stations,
même locales, peuvent parfois
être captées sur l'ensemble du territoire mais les postes
dont la puissance est inférieure à 1 kW sont
difficilement audibles sur toute la France.
RADIOS CLANDESTINES ET DE PROPAGANDE
Stations nazies d'expression
française
Nom
de la radio
Caractéristiques.
Propaganda
Abteilung
Radio
Humanité
Station
allemande lancée le 16 décembre 1939. Elle se fait passer pour le poste
clandestin du Parti Communiste Français.
Les fréquences utilisées étaient proches de celles de Radio Toulouse et
Radio Andorre et les émissions diffusées à la fin des programmes de ces
stations. Plusieurs émetteurs situés en Allemagne et probablement au
Luxembourg étaient utilisés par Radio Humanité.
Propaganda
Abteilung
La
Voix de la Paix
Station
nazie se faisant passer pour une radio pacifiste française.
Stations françaises en
langue allemande
Propriétaire
Nom de la radio
Longueur d'ondes et
puissance.
Gouvernement français
Deutscher
Freiheitssender
Station française se faisant
passer pour un poste allemand
Gouvernement
français
Österreischische
Freiheitssender
Station
française se faisant passer pour un poste autrichien
La
tutelle du Ministre des PTT sur la radio cesse avec le décret du
29 juillet 1939
Ministres
des PTT
du 10/04/1938 au 29/07/1939
Directeurs
de la Radiodiffusion
Périn
P. Fénélon
du 01/10/1937 au 21/01/1939
du 21/01/1939 au 10/08/1939
A
partir du 29 juillet 1939, la nouvelle Administration de la Radio
Nationale dépend de la Présidence du Conseil ainsi que le
Commissariat à l'information qui en contrôle
l'information. Les titulaires de ces deux postes prendront
officiellement leurs fonctions le 20 août 1939.
Commissaire
Général à l'information
Directeur
de la Radiodiffusion
à partir du 20 août 1939
à partir du 20 août 1939
25 août 1939 :
Discours
à la radio du Chef du Gouvernement français, Edouard Daladier,
quelques jours avant la déclaration de guerre de la France à
l'Allemagne. Cette déclaration sera retransmise par l'ensemble du
réseau français de métropole et des colonies, mais aussi par les radios
anglaises, américaines et canadiennes. L'enregistrement provient
probablement d'une radio américaine car le
discours est traduit en direct en anglais par un traducteur.