Pour
sa deuxième
année au pouvoir, le Front Populaire essaie d'étendre son
contrôle sur la radio publique. Le renouvellement des conseils de
gérance des postes d'Etat est l'occasion pour l'association
d'auditeurs de gauche "Radio-Liberté" de siéger dans les
conseils de gérances des stations des PTT. Malheureusement pour
elle, elle ne gagnera que Radio Toulouse PTT et c'est sa concurrente,
la très catholique "Radio-Famille" qui représentera les
auditeurs au conseil de la quasi-totalité des radios d'Etat. Le
ministère des PTT tentera alors de se soustraire aux Conseils de
Gérance pour contrôler les journaux d'information
radiophoniques. 15 ans après le lancement de la première
station de radiodiffusion française, la radio et la politique
continuent à faire mauvais ménage ensemble.
Du coté des radios privées, l'événement de
l'année est la naissance de Radio 37 qui porte ce
millésime dans son nom. Il ne s'agit officiellement pas de la
création d'une nouvelle station, puisque la loi l'interdit, mais
du transfert de la petite radio de Béziers à Paris
où le marché publicitaire est un peu plus lucratif. C'est
le patron du quotidien Paris-Soir qui se trouve à la tête
de Radio 37, ce qui confirme encore un peu plus la main mise de la
presse écrite sur la radio privée.
3
janvier 1937 :
Les stations du réseau d'Etat sont désormais
organisées en groupes afin de coordonner leurs programmes.
L'objectif est de permettre aux auditeurs, à tout moment de la
journée ou de la soirée, de pouvoir écouter le
genre d'émission qu'ils souhaitent. Lorsqu'un groupe diffuse de
la musique classique, un autre diffuse de la musique de
variété, un autre de l'information...
6
janvier 1937 :
Premières retransmissions quotidiennes sur la Tour Eiffel
d'émissions scolaires.
28
janvier 1937 :
M. Denard est nommé directeur de la Radiodiffusion Nationale en
remplacement de Marcel Pellenc écarté depuis le 3
novembre 1936.
9
février 1937:
Début des travaux de construction de l'émetteur des
Essarts-le-Roi destiné à diffuser les programmes du Poste
Colonial en remplacement de l'émetteur de Pontoise.
20
février 1937 :
Premier tour des élections des représentants des
auditeurs aux Conseils de Gérance des radios régionales
des PTT. Deux listes s'affrontent, celle de Radio Famille (catholique
et conservatrice) et celle de Radio Liberté (proche du Front
Populaire).
27
février 1937 :
Résultat des élections des Conseils de Gérance :
les listes de Radio-Famille remportent la majorité des voix
(51,5 %) contre celles de Radio-Liberté (38,7 %). Près
d'un auditeur recensé sur deux a participé à cette
élection. Une seule radio régionale a vu la victoire de
radio-Liberté, celle de Toulouse PTT.
20
mars 1937 :
Un décret officialise le changement de nom de Radio
Nice-Juan-les-Pins qui devient Radio Méditerranée. Ce
changement de nom est destiné à éviter toute
confusion avec le nouveau poste des PTT Radio Nice PTT.
21
mars 1937 :
Robert Jardillier, Ministre des PTT et maire de Dijon, avait
annoncé dès sa nomination au ministère, la
création d'un poste d'Etat à Dijon. Ce ne sera finalement
qu'un studio qui est inauguré ce jour à l'Hôtel des
Postes et incorporé au réseau de Lyon La Doua. La station
sans émetteur se nomme néanmoins Radio Dijon PTT. Si
Dijon n'a pas d'émetteur, elle a des électeurs et Robert
Jardillier se doit de les contenter en inaugurant ce studio.
17
avril 1937 :
Le plan de répartition des stations d'Etat de janvier
s'étant révélé un fiasco et
privilégiant trop les radios parisiennes une nouvelle
répartition est mise en place :
- Groupe 1 : Bordeaux, Lille, Lyon, Montpellier, Nice.
- Groupe 2 : Grenoble, Limoges, Marseille, Rennes, Strasbourg, Toulouse.
- Groupe 3 : Radio Paris.
27
avril 1937 :
Un décret retire son autorisation d'émettre à la
station privée Radio Montpellier.
8
mai 1937 :
Pose de la première pierre du nouvel émetteur de Radio
Alpes-Grenoble par le ministre des PTT Robert Jardillier. Le nouvel
émetteur dont la puissance sera de 120 kW est situé
à Champagnier à 8 km de Grenoble.
19
mai 1937 :
Un décret ministériel confirme son autorisation
d'émettre à la nouvelle radio privée Radio 37 avec
un émetteur de 2 kW à Rueil-Malmaison. Cette autorisation
délivrée à une radio privée sera la
dernière en France avant la libération des ondes de 1982.
9
juin 1937 :
Instauration d'un service d'écoute des programmes artistiques de
la radio nationale.
10
juin 1937 :
La station privée Radio Cité est autorisée par
décret interministériel à mettre son nouvel
émetteur d'Argenteuil en service. Sa puissance est
limitée à 2 kW.
Juillet
1937 :
Après l'exemple de Radio Luxembourg qui devient
véritablement une réussite commerciale, la patron de
Radio Toulouse, Jacques Trémoulet, tient aussi à avoir sa
radio périphérique. Comme il avait échoué
au Luxembourg face à la CSF, il obtient la concession de la
radio en Andorre et commence en juillet 1937 la construction de son
émetteur à l'entrée d'Andorre-la-Vieille. Il lui
faudra encore deux ans de pérégrinations diverses pour
pouvoir inaugurer sa station.
8
juillet 1937 :
Inauguration
du
Pavillon de la Radio (également appelé Palais de la
Radio) en contrebas du Pont Alexandre III à Paris. Ce magnifique
bâtiment, hélas éphémère, est l'un
des pavillons les plus visités de l'Exposition Internationale
des Arts et Techniques de Paris de 1937, nouvelle grande exposition
internationale organisée par la ville après les
expositions universelles dont celle de 1889 qui avait vu
l'édification de la Tour Eiffel. Le seul "vestige" qui restera
sur pied de cette exposition est le Palais de Chaillot au
Trocadéro. Le Pavillon de la Radio d'une superficie de 4500 m2
sur 3 étages proposera, durant toute la durée de
l'exposition, de nombreuses émissions en direct : concerts
symphoniques, causeries, retransmis en direct sur Radio Paris ou Paris
PTT. La radio privée n'est pas absente non plus puisque Radio
Cité et Radio Luxembourg y réalisent aussi des
émissions. Les radios étrangères y tiennent
également des stands. Mais l'attraction principale en sera la
retransmission d'émissions de télévision qui n'a
pas encore fait son apparition dans les foyers français. Ce
palais éphémère de la Radio qui sera
démonté en décembre 1937 après la
clôture de l'Exposition, fera la joie des journalistes qui
pourront ironiser sur l'absence de Maison de la Radio à Paris
alors que tous les pays occidentaux en possèdent une. Ils
devront encore faire preuve de patience puisqu'elle sortira de terre
non loin de là ... 36 ans plus tard.
20
juillet 1937 :
Décès à Rome de Guglielmo Marconi l'un des
pères de la radio.
5 septembre 1937 :
Inauguration de
Radio 37 la dernière radio privée française de
l'avant guerre. Le patron de presse Jean Prouvost (Paris-Soir) avait
obtenu le transfert de l'autorisation du petit poste de Béziers
qu'il avait racheté pour édifier le nouvel
émetteur à Ruel-Malmaison. C'est Maurice Chevalier qui
inaugure Radio 37 dont le studio se trouve au 35 rue François
1er à Paris. Après avoir abrité le studio de Radio
Paris, cette rue devient un centre stratégique pour la radio
française puisqu'elle verra s'installer dans les années
50 les studios de la périphérique Europe 1. Radio 37
organisera une campagne de publicité sans
précédent dans la presse écrite et poussera les
autres stations privées à utiliser également les
journaux et les hebdomadaires pour leur communication. Son image
auprès de la jeunesse ne sera jamais démentie et
dès le début sa programmation musicale sera
résolument actuelle.
1er
octobre 1937 : M. Perrin est nommé
Directeur de la Radiodiffusion
Nationale.
13
novembre 1937 : Alors qu'un numéro spécial
du "Document"
célèbre les 40 ans de la radio, les postes privés
de Paris (Poste Parisien, Radio Cité, Poste de l'Ile-de-France
et Radio 37) réalisent une grande émission
rétrospective sur l'antenne du Poste Parisien,
commémorant les 15 ans de la radio française. La date de
1922 est effectivement la date de diffusion des premières
émissions régulières de radiodiffusion en France.
14
novembre 1937 :
Après l'échec des précédents plans de
répartition des stations d'Etat, l'organisation se complexifie
encore un peu plus et désoriente davantage les auditeurs :
3 groupes dans la journée :
- Groupe I : Limoges, Marseille, Rennes, Strasbourg.
- Groupe II : Lille, Lyon, Nice, Toulouse.
- Groupe III : Bordeaux, Grenoble, Montpellier.
5 groupes en soirée :
- Groupe A : Radio Paris.
- Groupe B : Paris PTT, Grenoble, Marseille.
- Groupe C : Tour Eiffel, Bordeaux, Montpellier, Lyon.
- Groupe D : Strasbourg, Rennes, Nice.
- Groupe E : Lille, Limoges, Toulouse.
11
décembre 1937 :
Signature
d'un
accord entre la Fédération Nationale des Journaux
Français et la Fédération Française des
Postes Privés de Radiodiffusion pour limiter les
publicités et les informations à la radio. Les revues de
presse radiophoniques, accusées de concurrencer les journaux,
sont déplacées de la matinée au milieu de
l'après-midi. Ce n'est que bien plus tard que la presse
comprendra que la revue de presse radiophonique fait davantage la
promotion des journaux écrits qu'elle ne s'en sert. Le nombre de
journaux radiodiffusés est également limité
à 5 par jour et par station. L'accord sur l'information a
été d'autant plus facilement conclu que la plupart des
patrons de stations de radio sont aussi patrons de presse ou ont des
accords de collaboration étroits avec la presse écrite.
Cet accord avaient essentiellement pour objectif de s'étendre
ensuite à la radio publique, véritable concurrent de la
presse écrite et surtout au mains du Front Populaire.
Evidemment, la radio publique ne se pliera pas à ces
dispositions et cet accord finira par ne plus être
appliqué.
TEXTES
ET REGLEMENTS.
10
janvier 1937: Arrêté du Ministre des PTT
concernant
l'élection des 10 représentants des auditeurs aux
conseils de gérances des stations régionales des PTT. Ces
Conseils sont chargés de l'élaboration des programmes.
Les auditeurs peuvent voter grâce au bulletin de vote qui figure
sur leur justificatif de paiement de la taxe radiophonique. Chaque
auditeur vote pour la station régionale située sur le
territoire du bureau des PTT chargé du recouvrement de sa
redevance. Il doit avoir plus de 21 ans, être français et
jouir de ses droits civils. Tout électeur est également
éligible, à condition de ne pas être employé
par la station pour laquelle il est électeur.
Stations d'Etat
Tutelle
Nom de la radio
Longueur d'ondes et
puissance en décembre 1937.
GO : 1648 m - 80 kW
GO : 206 m - 20 kW
OM : 431,7 m - 120 kW
OM : 463 m - 100 kW
OM : 400,5 m - 100 kW
OM : 288,6 m - 40 kW
OM : 278,6 m - 30 kW
OM : 386,6 m - 120 kW
OM : 247,3 m - 60 kW
OM : 335,2 m - 1 kW
OM : 514,6 m - 15 kW
OM : 224,5 m - 0,5 kW
OM : 349,2 m - 120 kW
Nice PTT
OM : 253,2 m - 60 kW
OC: 19,68 m 25,24 m et 25,60
m- 20 kW
Stations privées autorisées
Propriétaire
Nom de la radio
Longueur d'ondes et
puissance.
OM : 312,8 m - 60 kW
OM : 280,9 m - 2 kW
OM : 219,6 m - 2 kW
OM : 360,6 m - 2 kW
OM : 328,6 m - 60 kW
OM : 215,4 m - 25 kW
OM : 309,9 m - 3 kW
OM : m - 1,2 kW
OM : 360,6m - 0,6 kW
radio méditerranée
OM : 235 m - 0,8 kW
OM : 201 m - 1 kW
OM : 269,5 m - 5 kW
Stations périphériques
OL : 1293 m - 200 kW
La plupart des stations,
même locales, peuvent parfois
être captées sur l'ensemble du territoire mais les postes
dont la puissance est inférieure à 1 kW sont
difficilement audibles sur toute la France.
Ministres des PTT
du 04/06/1936 au 22/06/1937
du 22/06/1937 au 18/01/1938
Directeurs de la
Radiodiffusion
P.Denard
Périn
du 28/01/1937 au 01/10/1937
du 01/10/1937 au 21/01/193
La nouvelle radio privée, Radio 37, va faire appel
à une des plus grandes vedettes de l'époque, Maurice Chevalier, pour
inaugurer son antenne. Ce moment exceptionnel, qu'est la naissance
d'une radio, a été gravé dans la cire et nous permet d'assister à cette
naissance de la dernière née des radios privées... avant plusieurs
décennies.