Renforcement
du pouvoir du ministère des PTT sur les radios d'Etat.
Si en Allemagne la radio s'organise pour être un puissant outil de
propagande au service du National Socialisme et de son Führer Adolphe
Hitler, en France, la radio continue de s'enliser dans les querelles de
clochers. Querelles entre partisans de la radio privée et de la radio
d'Etat qui s'affrontent avec virulence aux micros et dans les colonnes
des hebdomadaires qui sont acquis à leurs causes. "Le Petit Radio",
organe officiel de la radio d'Etat et dirigé par le beau frère de
Marcel Pellenc, le Directeur de la Radiodiffusion, ne cesse de
critiquer la radio privée et ses émissions publicitaires abrutissantes.
"Radio Magazine", porte-parole de la radio privée ne loupe jamais une
occasion de critiquer les carences de la radio d'Etat, ses
insuffisances techniques, son inorganisation et l'indigence de ses
programmes. Partisans de la laïcité et défenseurs de la morale
religieuse s'affrontent pour le maintien ou la suppression des
émissions religieuses à la radio d'Etat. Elles seront supprimées en
janvier au nom de la séparation de l'eglise et de l'Etat et rétablie en
avril sous la pression des lobbies catholiques. Partisans de la
centralisation à Paris de la direction de toutes les radios d'Etat et
défenseurs de la radio décentralisée et régionale s'affronteront
également. Mais cette année 1934 sera celle de la confirmation du
pouvoir centralisé du Ministère des PTT à Paris sur l'ensemble des
stations du réseau d'Etat. Les associations gérantes seront
définitivement écartées de la gestion des antennes régionales ou
nationales et remplacées par des Conseils de Gestion dont 2/3 des
membres seront nommés par le ministre des PTT qui devient le véritable
patron de la radio. Ce pouvoir est également renforcé par la
modification des attributions du Directeur Général de la Radiodiffusion
qui n'a plus que des prérogatives d'ordre technique sur les
installations. Le décret de Mallarmé puis l'arrivée de Georges Mandel à
la tête des PTT vont
renforcer ce pouvoir autocratique. Un de ses futurs biographes sera un
certain Nicolas Sarkozy, qui s'inspirera également de cette politique
où les intermédiaires entre le pouvoir exécutif et la radio d'Etat sont
supprimés.
1er janvier 1934 :
Un décret supprime les émissions religieuses de Radio Paris. Les radios
privées Radio Luxembourg et le Poste Parisien les récupèrent. Le poste
d'Etat Radio Strasbourg échappera à ces dispositions en raison du
maintient en Alsace Moselle du droit local qui n'avait jamais mis en
place la séparation de l'église et de l'Etat. L'absence des émissions
religieuses sur la radio nationale sera de courte durée puisqu'elles
reprendront en avril 1934 sous la pression de l'Eglise.
15 janvier 1934 :
Mise en place du Plan de fréquences de Lucerne.
15 janvier 1934 :
Radio Vitus devient "le Poste de l'Ile-de-France"
18 janvier 1934:
Création de l'Orchestre de la Radiodiffusion Nationale dirigé par
Désiré Emile Inghelbrecht.
18 mars 1934 :
Disparition de l'hebdomadaire "La Parole Libre Radio" (ex La Parole
Libre TSF) qui fusionne avec l'hebdomadaire "Mon Programme".
7 juillet 1934 :
Les nouvelles installations de Radio Agen sont détruites dans un
incendie. Les programmes ne pourront reprendre que le 2 janvier 1935.
En attendant, c'est Radio Toulouse qui diffusera les informations
pratiques et de sevice destinées au Lot-et-Garonne. Le Conseil Général
avance à la Radiophonie du Midi les fonds nécessaires à la
reconstruction de l'émetteur.
29 septembre 1934 :
Inauguration à Fécamp de la maison de la radio privée Radio Normandie.
TEXTES
ET REGLEMENTS.
5 mai 1934 : Un décret restreint les
attributions du Directeur Général de la Radiodiffusion, Marcel Pellenc
qui devient Inspecteur Général de la Radiodiffusion. Son rôle est
désormais limité au domaine technique : construction, entretien,
organisation et exploitation des postes d'Etat, perception de la
redevance, surveillance du respect de la législation par les postes
privés. Il n'aura plus d'influence sur les programmes. En juin un
Secrétaire général des émissions d'Etat sera nommé : Emile Brémond.
12 et 15 octobre 1934 : Décrets Mallarmé portant sur
la composition et le rôle du Conseil des Emissions et du Comité de
Coordination des stations d'Etat. Ces décrets reprennent les
dispositions du décret de Laurent Eynac d'août 1933 qui n'ont jamais
été mises en pratique. Cette fois, les associations gérantes des Postes
d'Etat sont dissoutes et remplacées par des Conseils de Gestion
contrôlés par le ministère des PTT. L'organisation décentralisée des
radios d'Etat a vécu, désormais, de Lille à Marseille, elles dépendent
toutes directement du Service de la Radio Nationale du Ministère des
PTT.
Stations d'Etat
Tutelle
Nom de la radio
Longueur d'ondes et
puissance en décembre 1934.
GO : 1648,3 m - 75 kW
(à partir du 16 mars 1933)
GO : 1 389 m - 15 kW
OM : 431,7 m - 7 kW
OM : 463 m - 15 kW
OM : 400,5 m - 1,6 kW
OM : 288,6 m - 1,5 kW
OM : 278,6 m - 25 kW
OM : 386,6 m - 1,5 kW
OM : 206 m - 0,7 kW
OM : 247,3 m - 1,3 kW
OM : 335,2 m - 0,5 kW
OM : 514,6 m - 12 kW
OM : 224 m - 0,9 kW
OM : 349,2 m - 40 kW
OC: 19,68 m 25,63 m et 25,20
m- 15 kW
Stations privées autorisées
Propriétaire
Nom de la radio
Longueur d'ondes et
puissance.
OM : 312,8 m - 80 kW
OM : 209,9 m - 0,8 kW
OM : 222,6 m - 0,7 kW
OM : 328,6 m - 60 kW
OM : 215,4 m - 0,7 kW
OM : 278,6 m - 25 kW
OM : m - 1,2 kW
OM : 514,6m - 0,6 kW
OM : 240,2 m - 0,8 kW
OM : 209,9 m - 1,5 kW
OM : 201,1 m - 1 kW
OM : 206 m - 0,7 kW
Stations périphériques
OL : 1304 m - 200 kW
La plupart des stations,
même locales, peuvent parfois être captées sur l'ensemble du territoire
mais les postes dont la puissance est inférieure à 1 kW sont
difficilement audibles sur toute la France.
4
changements de gouvernements en 1934 :
Ministres
des PTT
jusqu'au 30/01/1934
du 30/01/1934 au 09/02/1934
du 09/02/1934 au 08/11/1934
à partir du 08/11/1934
Directeur
de la Radiodiffusion
du 01/06/1927 au 28/01/1937
Les
hommes politiques font l'apprentissage de la radio. L'ancien Président
de la République, Gaston Doumergue, revient aux affaire en tant que
Président du Conseil. Son accent rocailleux du Midi et sa bonhommie
l'avaient rendus populaires auprès des français qui le surnommaient
"Gastounnet". Il est un des rares hommes politique à être à l'aise avec
la radio. Il va prendre l'habitude de faire des "causeries" le soir sur
le Poste National "Radio Paris". Cette causerie est la deuxième. Elle
date du 24 avril 1934.