100 ans de Radio - L'année radiophonique 1927

L'année 1927 est caractérisée par un lutte sans merci entre le secteur privé et les partisans du monopole d'Etat de la radio. En effet, le décret-loi Bokanowski du 28 décembre 1926 a mis le feu aux poudres sans rien régler. Il a prévu qu'une commission, composée de représentants de l'Etat (majoritaires) et de représentants du privé, devait se constituer et proposer avant le 31 décembre 1927 les modalités d'application du décret, c'est-à-dire le nombre de stations privées autorisées à poursuivre leur activité après le 1er janvier 1928 et leur conditions d'exploitation. Cette commission est constituée dès le 26 janvier 1927 mais elle ne se réunira pour la première fois que le 14 mai 1927. Elle sera organisée en sous-commissions traitant chacune des différents points du décret. Tout ce qui concerne les radios d'Etat et leur organisation sera présenté et mis en oeuvre, notamment la création d'un Service de la Radiodiffusion qui sera en quelque sorte l'ancêtre de l'ORTF ou de Radio France. En revanche aucun consensus n'est trouvé pour l'organisation de la radio privée. Les intérêts des représentants du privé sont inconciliables avec ceux de l'Etat. La commission est bien obligée d'admettre son échec et aucune modalité n'est proposée par la Commission au 31 décembre 1927. C'est donc le parlement qui débattra de ce sujet en 1928. En attendant c'est le statu quo... enfin presque. En effet, sachant que plus aucune nouvelle autorisation ne pourra être accordée en 1928, on assiste en 1927 à une amplification sans précédent des créations de nouvelles stations. Plus d'une vingtaine de radios privées émettent régulièrement avec ou sans autorisation. Mais la radio d'Etat se développe également. Quatre nouvelles stations régionales viennent compléter le réseau : Radio PTT Nord, Alpes Grenoble, Limoges PTT et Rennes Bretagne. La France dispose ainsi de plus d'une trentaine de stations en activité, 5 ans après le lancement de la première d'entre elles. La concurrence public-privé permet à chaque secteur de multiplier les initiatives originales en matière de programme, elle entraîne aussi la création d'associations d'auditeurs, de groupements corporatifs ce qui est un effet positif. Malheureusement elle suscite aussi les coups bas, les polémiques, les campagnes de presse virulentes. Si la radio privée a plutôt les faveurs du public, la radio d'Etat dispose des infrastructures techniques et on ne compte plus le nombre de liaisons PTT mystérieusement coupées lors de la retransmissions de concerts ou de reportages extérieurs effectués par les postes privés.