5 janvier 1971. Une
nouvelle radio apparaît sur 514 m OM à Paris : France Inter Paris
(FIP). La station propose une bande musicale ininterrompue privilégiant
le jazz, la variété, mais on peut aussi y entendre de la pop, du rock
soft et de la musique classique. Si ce programme est interrompu pour la
diffusion de quelques bulletins d'information générale, il se poursuit
en fond sonore durant les annonces d'information de service : Météo,
état de la circulation, agenda des spectacles... Les voix de FIP sont
féminines et relaxantes. Très vite, cette nouvelle radio connait un
grand succès à Paris car elle est bien adaptée au mode de vie urbain et
en particulier aux automobilistes qui peuvent désormais avoir de
l'information utile sur l'état des routes ou les embouteillages tout en
se décontractant à l'écoute d'un programme musical soft.
En 1972, l'ORTF décide de généraliser ce programme aux grandes villes
françaises. Le problème est juste lié à la rareté des émetteurs.
Quelques émetteurs ondes moyennes vont être récupérés, et pour le
reste, ce sont les fréquences MF de France Inter qui vont être
squattées par le FIP local.
La première station FIP locale est lancée à Marseille le 13 avril 1972
sur 514 m OM, elle prend le nom de France Inter Marseille (FIM). Vont
suivre : FIR à Reims (15 mai 72 ), FIL en Lorraine (15 mai 72 ), FIB à
Bordeaux (14 octobre 72), FIL à Lyon (21 novembre 1972) puis en 1973 :
FICA (Côte d'Azur), FIL (Lille), FIT (Toulouse), en 74 : FILA (Loire
Atlantique). D'autres expériences vont être lancées au cours de l'été
1972 mais elles seront éphémères : FIB (France Inter Bayonne Biarritz),
FID (France Inter Dijon), FIL (France Inter Limoges), FIR (France Inter
Rennes) et... FIAL (France Inter Alsace).
Eté 1972 : Lancement de FIAL
(France Inter Alsace).
Pour l'Alsace, il est décidé de tenter une expérience durant l'été 1972
: FIAL est lancée sur une fréquence OM disponible, le 201 mètres, et
sur les deux fréquences MF de France Inter déjà partagées en
décrochage avec "Inter Alsace", la radio régionale : le 95,7 Mhz à
Strasbourg et le 97,3 Mhz à Mulhouse. La couverture des deux villes
alsaciennes explique le choix du nom : "France Inter Alsace". Mais
l'apparition de FIAL va poser plusieurs problèmes : Le programme
régional dont le nom porte désormais à confusion, "Inter Alsace", n'est
plus audible que sur la fréquence 259 m et les auditeurs alsaciens de
France Inter national ne pourront plus entendre leur radio en
modulation de fréquence à part avant 7h20 le matin, de 13h à 14h et le
soir après 21h45, puisque FIAL "squatte" l'émetteur le reste du temps.
Sur un plan technique, le processus est le même que partout en France
: Le programme musical est conçu à Paris et envoyé en direct
aux stations locales de FIP. Les informations de service (météo,
routes, agenda) sont assurées localement par une speakerine (appelée
Fipette) qui dispose d'un mini studio composé simplement d'un micro et
d'une pédale sous le pied pour réduire le volume du son de Paris durant
son intervention. Un conducteur avec les disques choisis lui permet de
ne pas intervenir lors d'un titre chanté mais uniquement sur les
interprétations musicales. En Alsace, l'expérience ne sera donc pas
reconduite à la rentrée et il faudra attendre 1978 pour que ce projet
renaisse à Strasbourg.
été 1972 : Expérience éphémère de FIAL
(France Inter Alsace).
24
avril 1978 :
Création de FIS (France Inter Strasbourg)
1er janvier 1983 :
Les radios régionales passent de la tutelle de FR3 à celle de Radio
France. FR3 Radio Alsace devient Radio France Alsace.
1987
:
Comme toutes les stations FIP de province, FIS change de nom pour
s'appeler FIP Strasbourg.
8
avril 1999 :
FIP passe un accord avec la CTS (Compagnie des Transports
Strasbourgeois). La station est désormais diffusée dans les bus. Elle a
été préférée au deux autres radios candidates.
22
janvier 2000 :
Le studio de FIP Strasbourg est occupé pacifiquement par les auditeurs
qui s'opposent à la disparition de certaines antennes de région.
3
novembre 2008 :
Les interventions locale sont limitées à deux plages horaires entre 11h
et 13h et 16h et 20h soit 8 heures par jour au lieu de 12.
1er
juillet 2010 :
FIP Strasbourg retrouve 12 heures d'antenne locale de 7h à 19h.
24
avril 1978. Lancement de FIS (France Inter Strasbourg). En
1978, en dehors de FIP Paris, il reste 9 stations FIP en région :
Marseille, Reims, Nancy, Bordeaux, Lyon, Nice, Lille, Toulouse et
Nantes. La Direction de Radio France qui gère les stations FIP en
région, alors que FR3 a succédé en 1975 à l'ORTF pour la gestion des
radios régionales, décide de lancer une dixième station à Strasbourg.
Son studio sera hébergé dans les locaux de FR3, place de Bordeaux, mais
son fonctionnement sera dissocié de celui de la station régionale qui a
pris désormais le nom de "FR3 Radio Alsace". FIS dépend juridiquement
de Radio France et non de FR3 mais ce sont les moyens de FR3 qui sont
mis à sa disposition. Sa diffusion étant limité à la ville de
Strasbourg, la station prend le nom de FIS (France Inter Strasbourg).
Une fréquence propre lui est attribuée, le 92,3 Mhz. Elle débute ses émissions le 24 avril 1978. Le format FIP reste
toujours le même depuis son invention à Paris en 1971 : de la musique
sans interruption envoyée depuis Paris et des infos de service lue par une voix d'hôtesse de l'air en local.
En 1983, Radio France
récupère enfin la totalité des radios régionales, "FR3 Radio Alsace"
devient "Radio France Alsace". La direction de Radio France souhaite
désormais réorganiser totalement les radios régionales pour en faire
des stations à part entière et non plus des décrochages du programme
national. Pour cela, elle a besoin de réorganiser les émetteurs mais
aussi de rassembler tous les moyens locaux au service des nouvelles
stations qu'elle souhaite lancer. Elle projette donc de fusionner les
FIP locales (appelées aussi FIR - France Inter Régions-) avec les
radios régionales pour ne faire qu'une seule antenne plus consistante.
Cette logique se défend, sauf que les auditeurs se sont habitués à ce
programme qui fait de l'audience et que cette décision va provoquer une
levée de boucliers en région. Les premières stations visées sont celles
de Nancy, Lyon, Toulouse et Marseille. Par solidarité, toutes les
stations FIR vont se mettre en grève et la décision sera abandonnée...
pour quelques années. En 1987, FIS prend le nom de "FIP
Strasbourg et la station va cohabiter à coté de "Radio France Alsace"
qu'elle va suivre lors du déménagement des studios de la place de
Bordeaux à la rue Massol en 1991.
Après
une nouvelle alerte en 1996 lors du lancement de la nouvelle radio
jeune de Radio France qui avait besoin de fréquences en région, c'est
en 1999, que les FIP de région sont à nouveau menacées. "FIP Strasbourg" n'est pas
directement menacée de fermeture mais elle va néanmoins être l'objet de
manifestations. 9 stations régionales sont
menacées de disparition : Metz qui avait récupéré la station de Nancy
et Nice doivent laisser la place à une nouvelle radio locale. Lille,
Lyon et Marseille doivent céder leur fréquence au Mouv' la station
jeune de Radio France, et Nantes est dans l'incertitude. Quant à
Strasbourg, aucune menace ne pèse sur elle à court terme.
Mais à moyen
terme, s'il ne reste que 3 stations (Strasbourg, Bordeaux, Nantes) dans
le réseau FIP, elles seront
fragilisées. Des associations d'auditeurs vont se former dans toutes
les villes concernées pour défendre leurs FIP locales. Les institutions
culturelles de ces villes (artistes, théâtres, salles de concerts...)
vont se mobiliser pour garder ce support de promotion local. Le 22
janvier 2000 le comité de soutien de FIP demande aux auditeurs
d'envahir pacifiquement les studios FIp de Lille, Lyon, Marseille,
Nantes, Paris et Strasbourg. A 16 heures, une trentaine d'auditeurs
issus essentiellement du Comité de soutien de FIP Metz envahissent le
petit studio strasbourgeois de la rue Massol. Un communiqué de presse
est lu à l'antenne pour défendre la diversité culturelle de la station
et revendiquer son maintien dans toutes les villes où elle est
implantée. L'appel ne sera pas entendu. Le 17 octobre 2000, les
stations FIP de Metz, Marseille, Lille et Lyon cessent
d'émettre.
En 2006, c'est un mouvement inverse qui se
produit. Radio France souhaite réimplanter FIP dans certaines villes.
En juin 2006 elle est diffusée à Montpellier, en juillet 2007 à
Arcachon, à Marseille et à Rennes, en juin 2008 elle revient à
Toulouse... Mais contrairement aux villes de Strasbourg, Nantes, et
Bordeaux qui avait conservé leur antenne, les nouvelles villes ne
disposeront d'aucune intervention locale mais d'un programme 100 %
national sans info locale. Et c'est là que va se poser un problème pour
les 3 villes pionnières. Radio France aimerait aligner Strasbourg,
Bordeaux et Nantes sur les autres villes, donc supprimer
progressivement les interventions locales.
La direction de Radio France demande aux trois radios qui diffusent
leur programme local de 7h30 à 19h30, de les limiter à la tranche
horaire 16h - 20h, soit 4 heures par jour au lieu de 12. Cette décision
va provoquer une forte réaction en Alsace. La constitution d'une
association de défense, des concerts de soutien, une
pétition qui va rassembler 4000 signatures, des mouvements de grève
soutenus par 4 syndicats et la mobilisation des politiques vont prouver
l'attachement des alsaciens à leur radio FIP. Le Conseil Municipal de
Strasbourg va voter une motion de soutien à la station, menacée de
disparition à terme ou de ne devenir qu'un réémetteur d'un programme
musical parisien sans intervention locale. L'ensemble des
parlementaires alsaciens fait front commun contre cette décision de
Radio France. Les députés alsaciens convoquent le PDG de Radio France à
l'Assemblée Nationale et obtiennent le maintien des emplois des
fipettes alsaciennes, le maintien des séquences d'animation locale le
matin de 9h30 à 12h30 et l'après-midi de 16h à 20h. Mais l'accord se
fera sur un malentendu. En fait, les interventions locales sont
limitées à 4 flash d'infos locales de 1 à 2 mn à 9h30, 10h30, 11h30 et
12h30 et une session de 4 heures de 16h à20h, soit par jour : 4 heures
plus 4 fois 2 minutes. Les syndicats vont à nouveau appeler à la grève
sur tout le réseau et ne vont obtenir qu'une compensation : une session
complète de 2 heures entre 11h et 13h. Le résultat de ce conflit qui
aura duré 6 mois est que le temps d'antenne des interventions locales
est passé de 12 heures par jour à 8 heures par jour. Mais les emplois
des fipettes alsaciennes sont préservés et la station conserve une
animation locale. Nantes, qui avait réagi comme Strasbourg et Bordeaux,
moins virulente, vont bénéficier des mêmes horaires.
En
février 2010, un nouveau directeur national arrive à FIP Paris. Le PDG
de Radio France n'est plus le même non plus. En juin 2010, la nouvelle
direction décide de redonner une véritable couleur locale aux station
de Strasbourg, Nantes, ainsi qu'à celle de Saint-Nazaire. A partir du
1er juillet 2010, les 3 stations retrouvent 12 heures de programmes
locaux spécifiques de 7 h à 19h, avec une programmation musicale
éclectique et originale, et des rendez-vous avec l'actualité culturelle
de leurs régions.